La Table de gouvernance de la Franco-Yukonnie regroupe les directions et les présidences des institutions et organismes franco-yukonnais tels que l’Association franco-yukonnaise (AFY), L’Aurore boréale, la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), Les Essentielles, le Partenariat communauté en santé (PCS) et la Société d’histoire francophone du Yukon (SHFY).
Angélique Bernard a été embauchée par l’AFY à titre de coordonnatrice de la stratégie francophone de rapprochement avec les Premières Nations du Yukon pour rédiger la déclaration en collaboration avec les membres de la Table.
« La déclaration est un engagement collectif de la francophonie de montrer qu’on est conscient·e·s des enjeux des Premières Nations et qu’on est là en tant qu’allié·e·s pour les appuyer », déclare-t-elle.
Elle précise que les premiers projets de réconciliation avec les Premières Nations entrepris par l’AFY datent des années 1990. « Après la célébration des 40 ans de l’AFY en 2022, le sujet de rapprochement avec les Premières Nations est revenu dans les discussions. En tant que communauté francophone, nous soutenons la réconciliation. Comment on peut travailler ensemble, soutenir et être alliés à la cause des Premières Nations au Yukon. »
Quelles stratégies?
« La déclaration est un engagement que les groupes prennent et ensuite, chacun va voir s’il veut se doter d’une stratégie et comment la mettre en place », précise Angélique Bernard.
Par exemple, la SHFY« souhaite amener les gens, notamment les jeunes générations, à parler de l’impact qu’a eu l’arrivée des gens d’origine européenne sur les Premières Nations. On veut aussi sensibiliser le public aux défis vécus par les Premières Nations à travers les expositions, les documents qu’on produit », déclare Yann Herry, président de la SHFY.
« Nous voulons mettre en valeur l’histoire commune entre les francophones et les Premières Nations comme l’échange de connaissances et de façons de faire, et aussi les moments les plus douloureux, comme la période des écoles résidentielles avec les ramifications qu’on connaît aujourd’hui », ajoute-t-il.
Jean-Sébastien Blais, président de la CSFY, assure de son côté que « cette déclaration va teinter nos actions auprès de nos élèves et auprès de nos leaders politiques du Yukon. »
Le président ajoute que le nouveau plan stratégique de la CSFY, qui va être publié ce printemps, va dévoiler « une série de gestes qui vont soutenir l’esprit de la réconciliation contenu dans la déclaration. »
« Des actions vont renforcer l’idée qu’on est un acteur voulant agir pour une plus grande réconciliation au Yukon. On souhaite que ça influence un leadership positif au sein de la francophonie », ajoute-t-il.
L’organisme Les Essentielles « aimerait développer des programmations, des activités conjointes avec les organismes de femmes autochtones », rapporte Laurence Rivard, directrice.
Un chemin long
« La réconciliation est un processus continu. On n’arrivera jamais avec la stratégie complète, parfaite du premier coup », estime Laurence Rivard.
« C’est sûr qu’on voudrait être rendus plus loin, mais beaucoup de gens ne veulent pas être maladroits et veulent faire ça correctement. C’est normal aussi de prendre son temps et d’être dans cet inconfort […] Je pense qu’il faut passer par là et cet inconfort. C’est sûr que l’idéal serait quelque chose qui serait déjà fait, et on serait dans le plus concret, mais la communauté francophone, c’est plein de nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes qui n’ont pas nécessairement cette sensibilité sur les relations avec les Premières Nations. »
« Je pense qu’à la fois il faut essayer d’aller le plus loin possible, mais il faut aller aussi à la vitesse des gens, le public qu’on dessert. En ayant constamment de nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes, il faut mettre un effort encore plus fort sur comment sensibiliser ces gens à cette réalité. »
Pour Angélique Bernard, « on ne veut pas s’immiscer et dire qu’on a toutes les réponses à vos problèmes. On va voir en discutant avec les Premières Nations ce qu’on peut faire. Parce que la ligne est mince. Il y a déjà des liens qui se sont créés entre francophonie et Premières Nations, mais là c’est vraiment pour officialiser le tout. C’est nouveau pour tout le monde, mais on avance tranquillement. Tout ça a été réfléchi de façon à comment on peut aider sans s’immiscer dans les enjeux. »
Jean-Sébastien Blais admet que « la déclaration est le fruit d’une longue réflexion de la communauté francophone à la Table des leaders de la francophonie du Yukon afin de poser un geste concret et le geste concret est la déclaration ». Pour lui, « l’éducation est souvent la base de la réconciliation. Si on connaît les gens, leurs histoires, leurs expériences traumatisantes, on ne peut pas tourner le dos à la réconciliation. On doit agir, avoir un meilleur vivre ensemble entre nous. »
IJL – Réseau.Presse – L’Aurore boréale