Titulaire d’une maîtrise en journalisme, la Belge Julie Gillet a travaillé deux ans pour le journal Libre Belgique avant de rejoindre l’organisme féministe Soralia en tant qu’attachée de presse. « Je gérais les communications et les relations presse pour l’organisme. C’est comme ça que je suis arrivée dans le féminisme. J’écrivais des analyses sur différents sujets féministes », se souvient-elle.
Puis, en 2017, elle décide de s’installer au Canada, d’abord à Vancouver, puis à Whitehorse. Au Yukon, elle commence à écrire des chroniques féministes pour le journal l’Aurore boréale et pour le média national en ligne Francopresse. « L’écriture est un média avec lequel j’ai des facilités pour m’exprimer et donc que j’aime utiliser pour partager ce que je pense et ce que je ressens », explique l’auteure.
À l’été 2020, elle quitte le Yukon pour Moncton où elle prend la direction générale du Regroupement féministe du Nouveau-Brunswick. Elle poursuit ainsi son militantisme, tout en continuant à écrire indépendamment pour Francopresse sur des sujets féministes.
De chroniques à un recueil
« Il y a un an, j’ai participé au programme Voix émergentes des Éditions Perce-Neige, un programme pour les auteur·e·s émergent·e·s. Je travaillais alors sur un recueil de poésie. Au fil des discussions, Sébastien Bérubé [responsable du programme Voix émergentes] m’a encouragée à soumettre mon essai féministe. Je l’ai soumis et il a été accepté! », raconte Julie Gillet.
« Le manuscrit de Julie Gillet a su convaincre le comité de la collection Essais & Documents par sa pertinence, son actualité et sa grande capacité de vulgariser des enjeux souvent complexes. Aux Éditions Perce-Neige, nous avons à cœur de faire entendre plus loin des paroles porteuses de changement », précise Émilie Turmel, directrice littéraire des éditions Perce-Neige.
Pour l’auteure, son essai a pour objectif de démystifier le féminisme en vulgarisant des concepts qui peuvent parfois être complexes à appréhender. « Pour des gens, le féminisme, ça fait encore un petit peu peur. Ça avance, hein! Il y a beaucoup de personnes qui comprennent ce que c’est, puis qui sont d’accord, mais il y a des personnes qui pensent que par exemple ça veut dire “les femmes au pouvoir” ou que ça veut dire qu’on va opposer les femmes aux hommes. […] Pour moi, le féminisme, c’est une remise en question des normes sociales de genre et une lutte pour l’égalité et contre les discriminations et les systèmes d’oppression », développe Julie Gillet.
Cet ouvrage s’adresse donc à un public ayant peu de connaissance du féminisme. Julie Gillet souhaite faire comprendre l’importance du concept pour la société. « Tout le monde a à y gagner. J’ai vraiment envie que les gens se rassemblent, dans une société qui se divise sur toutes les questions. […] Ce qui m’a poussée à écrire ce livre, c’était créer un outil qui permette une petite prise de conscience pour certaines personnes. »
Plus de dix ans de constats
Julie Gillet s’est appuyée sur ses propres expériences pour organiser son recueil autour d’une dizaine de thèmes, comme l’argent, la sexualité, les stéréotypes de genre pour les enfants, la charge mentale ou encore le rapport au corps.
On y retrouve une partie de ses textes déjà publiés sur Francopresse, d’autres écrits de son temps à Soralia, le tout retravaillé pour lier les thématiques les unes aux autres et unifier son essai. Il y a également du contenu inédit pour creuser certains sujets qu’elle n’avait pas encore vraiment développés ou documentés. « Il y a eu un gros travail de réécriture pour adapter des textes qui étaient sur le Web au papier. J’ai dû remplacer les hyperliens que j’utilisais par une bibliographie professionnelle, mettre à jour des références pour qu’elles soient plus actuelles ou trouver de nouveaux exemples. C’était vraiment ça le travail », détaille l’auteure.
Fort est de constater également que certains sujets n’ont pas beaucoup évolué en dix ans : « Il y a des textes qui n’ont pas tant vieilli. Quand je parle du rapport au corps, notamment les questions de poils, il y a toujours du dégoût et le contrôle du fait [que les femmes] devraient s’épiler. »
Le jour où j’ai arrêté d’être sage, aux éditions Perce-Neige, est le premier essai publié de Julie Gillet. L’auteure travaille actuellement avec sa maison d’édition sur un recueil de poésie qui devrait sortir en 2026. Également inspiré de ses expériences personnelles, il abordera des sujets comme le militantisme et la santé mentale.