
Régulièrement, Étienne Geoffroy-Gagnon (à gauche) et Mavik MacKinnon (à droite) se retrouvent sur les pistes du Mont Sima pour skier ensemble.
Mavik McKinnon, 13 ans, se spécialise dans le ski de bosses, le Slopestyle et le Big Air. Lors du 2024 Panorama Timber Tour #1, en Colombie-Britannique, il a d’ailleurs décroché une médaille de bronze en ski de bosses, une médaille d’argent en Slopestyle, et la 5e place en Big Air.
Quant à Étienne Geoffroy-Gagnon, skieur acrobatique professionnel de 26 ans, il se spécialise notamment en Slopestyle et en Big Air. Lors de l’étape de la coupe du monde en Suisse, il a obtenu la 11e place en Big Air. Il a cependant chuté pendant sa descente à l’épreuve de Slopestyle. À l’heure d’écrire ces lignes, il se prépare pour la suite de la coupe du monde, avec l’étape en Californie, celle du Grand Prix, qui vaut le plus de points.
En plus des épreuves pour lesquelles s’entraînent Mavik MacKinnon et Étienne Geoffroy-Gagnon, il y a aussi des épreuves de Ski cross et de Halfpipe.
S’entraîner au Yukon
Pour les deux skieurs, tout a commencé au Mont Sima. Dès leur plus jeune âge, les deux Franco-Yukonnais chaussent leurs skis et vont sur les pistes.
« Ma mère était patrouilleuse au Mont Sima. Quand elle travaillait, j’étais avec mes amis à faire mes choses. On faisait ça la fin de semaine », se souvient Étienne.
Du côté de Mavik, c’est après un camp de jour de ski acrobatique qu’est née son envie de s’inscrire dans un club. Ainsi, il s’entraîne pendant deux ans au sein du club de ski freestyle de Whitehorse.
Lorsque la pandémie de la COVID-19 frappe, et que les entraînements en club sont mis sur pause, Mavik décide de s’entraîner seul. « Il n’y a qu’un seul petit club au Yukon, alors j’ai de la misère à trouver des coachs », affirme-t-il. Pour progresser, le jeune Franco-Yukonnais regarde des vidéos sur YouTube, dans l’objectif de commencer la compétition.
Ne plus être dans un club présente cependant des désavantages. « Des fois, il faut aller dans les clubs pour faire certaines figures parce qu’il faut un coussin gonflable par exemple. Comme je m’entraîne seul, je dois faire sans », indique l’adolescent.
Partir pour mieux revenir?
Aujourd’hui, Mavik MacKinnon fait partie de l’équipe de la Colombie-Britannique, le Whistler Mountain Ski Club, où il va s’entraîner ponctuellement. En rejoignant cette équipe, il peut, entre autres, s’entraîner sur certains modules que le Mont Sima ne propose pas.
Le jeune adolescent avoue se heurter à un autre défi. Selon lui, il n’y a qu’une compétition pour les U14 (moins de 14 ans) au Yukon, et seulement trois en Colombie-Britannique. « Il y a près de 1 800 jeunes qui veulent participer à ces compétitions pour seulement 90 places », ajoute-t-il.
« Je récolte des points à chaque compétition, et ces points me permettent de participer à d’autres compétitions à plus haut niveau. En fait, ce serait plus facile si je faisais partie d’une équipe au Yukon, il y aurait moins de jeunes », explique-t-il.
Pour Étienne également, quitter le Yukon s’est présenté comme une évidence. « Je voulais skier tous les jours », affirme-t-il, expliquant qu’à l’époque, il n’y avait pas de modules pour s’entraîner l’été au Mont Sima.
« C’est dur de rester au Yukon pour du haut niveau. Le ski acrobatique dépend des modules pour le ski, et, quand j’étais jeune, le parc du Mont Sima n’était pas très développé », ajoute le skieur professionnel.
Mavik souligne toutefois que le territoire est une « belle place pour s’entraîner ». Étienne est d’accord. Pour lui, commencer au Yukon a « beaucoup de bon ».
« On a de longs hivers ici. Beaucoup d’équipes viennent d’ailleurs pour pratiquer ici, on a de bons sauts avec la montagne », met de l’avant Mavik.
Étienne affirme être content d’avoir grandi sur les pistes du Mont Sima. « On est déconnectés au Yukon, et c’est en partie cool d’être cachés », précise-t-il. Selon le skieur, faire partie d’un petit groupe permet de bien apprendre les mouvements, et surtout, de bien apprendre la discipline : « Skier au Yukon, ça m’a appris à aimer le ski avant d’aller faire des compétitions, et ça, c’est très important. Je fais des compétitions parce que j’aime le ski. Je ne fais pas de ski pour faire des compétitions. »
Du Yukon au national
Étienne a commencé sa carrière à un âge plus avancé que Mavik. « J’ai commencé seulement au secondaire. Alors au début je n’étais pas au niveau que je voulais. Je me comparais beaucoup à l’équipe nationale, mais je savais que mon niveau de ski allait s’améliorer », avoue le jeune homme de 26 ans.
Ainsi, à 18 ans, Étienne quitte le Yukon pour rejoindre l’équipe de l’Alberta. Après trois ans à Calgary, il rejoint enfin l’équipe nationale, dont il fait toujours partie aujourd’hui.
« En équipe nationale, ils ne prennent pas vraiment après 19 ans, alors j’ai dû faire plus d’étapes. Ça m’a pris trois ans pour avoir les résultats dont j’avais besoin pour aller en équipe nationale. J’avoue que je ne leur ai pas trop laissé le choix non plus, j’avais des bons résultats », affirme-t-il en riant.
Les résultats du Franco- Yukonnais ont d’ailleurs continué de progresser puisqu’il s’est qualifié pour participer aux sélections des Jeux olympiques (JO) d’hiver en 2022. Malheureusement, après une blessure au genou durant les compétitions sélectives, il a été obligé d’abandonner. Les sélections pour les prochains JO d’hiver commencent la saison prochaine, mais le jeune homme ne sait pas encore s’il y participera ou non.
« Je prends ça saison par saison depuis ma blessure. Puis j’ai 26 ans, je suis en fin de carrière. Je commence à changer ma mentalité : je veux être capable d’aider et pas être focus sur moi », indique le skieur professionnel.
5 ans plus tard
En avril 2019, Mavik MacKinnon et Étienne Geoffroy-Gagnon se rencontraient pour la première fois. Aujourd’hui, les deux Franco-Yukonnais s’entraînent ensemble de manière ponctuelle.
« Étienne me demande souvent d’essayer de nouvelles choses. On travaille ce que je sais, mais on travaille aussi sur mes faiblesses », continue-t-il, précisant que les conseils de son aîné sont les bienvenus.
De son côté, Étienne explique qu’il voit le jeune Mavik faire « beaucoup de progrès ».
« Il se développe à cet âge, il y a beaucoup de choses qui se passent. Je vois que certaines idées que je donne restent », affirme-t-il, un sourire en coin.
Au Mont Sima, Mavik se fait même appeler « mini Échie », en référence à Étienne, explique Isabel Beauregard, mère de l’adolescent.
S’estimant vers la fin de sa carrière, Étienne indique vouloir revenir au Yukon. « Je pense que c’est important pour la communauté. Je veux que le monde à la montagne soit capable de voir que les athlètes pros, c’est du monde normal », ajoute-t-il.
Le Franco-Yukonnais confie ne pas avoir eu de modèle au début de sa carrière. Pour lui, il est donc important d’essayer d’être cette personne-là pour les jeunes skieurs et skieuses du Yukon. « Je veux être capable de partager les connaissances que j’ai. De les pointer dans la bonne direction », conclut Étienne Geoffroy-Gagnon.
Le ski acrobatique comprend cinq épreuves distinctes :
Le Big Air, consistant à réaliser des sauts depuis une rampe.
Le Slopestyle implique la réalisation de figures acrobatiques sur une piste parsemée d’obstacles variés, comme des rampes et des barres.
Le Ski bosses (Mogul en anglais), ou bosses parallèles, propose des descentes rapides sur des pistes parsemées de bosses.
Le Ski cross est une course où plusieurs athlètes descendent simultanément un parcours semé d’obstacles naturels et artificiels.
Enfin, le Halfpipe est une discipline de sports de glisse où les athlètes réalisent des figures acrobatiques dans une demi-lune creusée.