Pour Angélique Bernard, déposer le nom de Yann Herry était une évidence. « Je connais Yann depuis 1995. J’ai toujours été admirative de son dévouement envers les Franco-Yukonnais », affirme-t-elle. La passionnée d’histoire ajoute que Yann Herry l’avait poussée à s’engager envers la francophonie du Yukon. Aujourd’hui, les deux travaillent main dans la main en tant que bénévoles pour la Société d’histoire francophone du Yukon, dans le but de rendre accessible l’histoire des francophones au territoire.
Pour cette proposition de candidature, Angélique Bernard a joint trois lettres de soutien. Elle évoque des « lettres élogieuses » de la part de Cécile Girard, Danielle Bonneau et Pascal St-Laurent, proches et ancien·ne·s collègues de Yann Herry. « Il [le bureau de la commissaire] demande au moins deux lettres [pour accompagner la candidature]. Ça n’a vraiment pas été dur d’en avoir », rapporte la Franco-Yukonnaise.
De son côté, Pascal St-Laurent décrit Yann Herry comme un homme « rassembleur, visionnaire et ambassadeur. Il voit tellement bien d’où on vient qu’il voit où on va ».
Reconnaître le travail de bénévoles
Le Yukon a été le dernier territoire à mettre en place une telle distinction. C’est Angélique Bernard, alors commissaire du Yukon, qui a décidé de créer l’Ordre du Yukon, en 2019. Elle a d’ailleurs été la première personne et la première francophone à recevoir cette récompense. En 2022, Jeanne Beaudoin a été la seconde Franco-Yukonnaise à être décorée de l’Ordre du Yukon. À ce jour, 31 personnes sur l’entièreté du territoire ont reçu cette récompense.
En proposant Yann Herry, Angélique Bernard voulait souligner le travail remarquable des francophones du territoire.
Ainsi, l’Ordre du Yukon « met à l’honneur des Yukonnaises et des Yukonnais qui se sont illustrés par leurs réalisations exceptionnelles et leurs importantes contributions à la société du Yukon ».
« C’est l’honneur le plus haut que quelqu’un puisse recevoir », explique Adeline Webber, commissaire du Yukon actuelle. Selon elle, en tant que commissaire, « c’est un grand honneur de reconnaître le travail » des bénévoles de la communauté.
« Si les gens ne s’impliquent pas, rien n’est fait », ajoute-t-elle. Adeline Webber explique qu’un comité indépendant évalue toutes les nominations pour conseiller le ou la commissaire en poste. À son tour, le ou la commissaire regarde les nominations pour ensuite faire un choix définitif.
Quant à Yann Herry, Adeline Webber affirme que tout jouait en sa faveur pour recevoir cette distinction.
40 ans d’engagement
De son côté, Yann Herry se dit « très honoré de recevoir cette reconnaissance ». Selon lui, cette récompense permet de reconnaître plus de 40 ans d’engagement envers la francophonie.
Au-delà d’un simple engagement, Angélique Bernard précise que ce pionnier de la francophonie yukonnaise a eu un impact au niveau de l’éducation en français au Yukon et au niveau du maintien du patrimoine historique. Elle précise que le Franco-Yukonnais a mis en place des échanges culturels pour les élèves du Yukon, qui se sont régulièrement rendu·e·s jusqu’en France, et qu’il a aussi été à l’initiative du jumelage des villes de Whitehorse et de Lancieux.
Pour Yann Herry, c’est en 1979 que l’envie de s’engager commence. À l’époque, il vient au Yukon pour travailler dans les mines d’Elsa, près de Mayo. Il rapporte y avoir rencontré beaucoup de francophones de partout, du Canada et d’ailleurs dans le monde. « Je regrette de ne pas avoir tenu un journal pour ces histoires », constate-t-il.
Lorsque les mines ferment, il déménage à Whitehorse et se lance le défi de faire connaître l’histoire des francophones au Yukon. Il devient alors le premier vice-président de l’Association franco-yukonnaise en 1982 (l’Association des Franco-Yukonnais à ce moment-là), puis président de l’association de 1997 à 2001.
En parallèle, il est membre fondateur du Bulletin des Franco-Yukonnais en 1983, aujourd’hui devenu l’Aurore boréale. La naissance du journal est très vite suivie de son implication dans la création de l’École Émilie-Tremblay en 1984, de la création de la Garderie du petit cheval blanc en 1989, puis de la création du Comité francophone catholique en 1990, dont il est toujours le vice-président.
Il devient ensuite enseignant durant près de 25 ans, avant d’accepter un poste au ministère de l’Éducation du gouvernement du Yukon, en tant que coordonnateur des programmes en français.
Depuis qu’il a pris sa retraite en 2020, Yann Herry œuvre pour transmettre et faire « connaître l’histoire méconnue des Franco-Yukonnais ». Il archive notamment ses recherches et ses découvertes, et ce, par l’entremise de la Société d’histoire francophone du Yukon.
« Je crois fermement que les francophones, les Premières Nations, les anglophones et les métis ont façonné l’histoire du Canada », conclut le passionné d’histoire.
Lors de la cérémonie qui a eu lieu au Centre culturel des Kwanlin Dün le 12 janvier dernier, près d’une centaine de personnes étaient présentes. La commissaire Adeline Webber a souligné la contribution de Yann Herry au développement et à la promotion de l’histoire et du patrimoine francophone du Yukon. Aux côtés de Yann Herry, Tim Koepke et David Stockdale ont également reçu l’Ordre du Yukon. Ils ont respectivement été récompensés pour l’épanouissement culturel, socioéconomique et politique du Yukon, et pour la promotion des sports au Yukon.
IJL – Réseau.Presse –
L’Aurore boréale