Au Yukon, les causes ne manquent pas. On dénombre un peu plus de 45 000 personnes résidentes sur ce vaste territoire pour environ 600 organismes de bienfaisance. Pourtant, on peut se demander si ce devoir d’implication consacré au bénévolat est réalisable dans nos emplois du temps déjà bien chargés.
Arrivée au Yukon depuis moins d’un an, j’ai été agréablement surprise par l’ampleur des activités auxquelles on peut s’adonner. Depuis la ruée vers l’or à la fin des années 1800, le Yukon reste encore aujourd’hui une terre d’opportunités pour bon nombre d’entre nous. Et on peut le constater au quotidien. Il est facile de s’impliquer, les occasions se présentent dans divers domaines, qu’elles soient artistiques, culturelles ou sociales. Le récent succès de la soirée d’affaires pour l’entrepreneuriat francophone du Yukon, organisée au début du mois par l’Association franco-yukonnaise (AFY), témoigne d’une communauté vibrante et pleine d’énergie.
S’impliquer dans la société, c’est également le message de Kate White, cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD), à propos d’un sondage en ligne sur l’entente entre les propriétaires et locataires auquel la population est invitée à participer. Le gouvernement procède actuellement à l’examen de la Loi sur les rapports entre locateurs et locataires en matière résidentielle (LRTL). Plusieurs consultations publiques sont organisées tout au long du mois de février, en plus du sondage. « Il s’agit d’une enquête rapide et anonyme qui pose aux Yukonnaises et Yukonnais des questions importantes sur le logement et sur les droits et obligations des locataires et des propriétaires. La population yukonnaise doit savoir que les résultats de l’enquête auront un impact très réel et durable sur le logement dans le territoire. N’hésitez pas à vous exprimer maintenant », souligne Kate White.
Offrir de l’aide aux membres de la communauté est certes très louable, mais ce n’est pas chose aisée pour celles et ceux qui doivent jongler entre plusieurs emplois pour faire face au coût élevé de la vie dans le Grand Nord. De plus, la crise du logement paraît sans fin, malgré la mise en vigueur depuis 2021 du règlement sur le plafonnement du prix des loyers.
S’impliquer, mais à quel point? Le gestionnaire de programmes à Volunteer Bénévoles Yukon, Vladyslav Hryhorenko, mentionne la fatigue que peuvent ressentir certaines personnes bénévoles. « Il y a beaucoup d’opportunités et pas assez de bénévoles. Certaines personnes occupent différents rôles au sein de diverses organisations! », constate-t-il. La recherche de fonds est le nerf de la guerre pour beaucoup d’organismes, car lorsque les fonds sont insuffisants, il n’y a pas d’action possible. Ayant travaillé dans le domaine de la collecte de fonds pour des organismes humanitaires, j’ai pu constater que la recherche de fonds est un défi constant et qu’il faut savoir s’adapter à cette société en perpétuel changement. D’ailleurs, l’augmentation des coûts de fonctionnement, la diminution des dons et la difficulté de recruter des bénévoles ont entraîné la fermeture de l’organisme Centraide Yukon, connu également sous le nom de United Way Yukon en anglais. Il serait dommage que le manque d’implication de la population entraîne la fermeture d’autres organismes, dont la présence reste essentielle dans nos communautés.
Bref, la vie dans le Nord est loin d’être un long fleuve tranquille. Le quotidien ressemble parfois à un jeu d’équilibriste. Une vie remplie qui paraît également un peu dissonante face au calme environnant du Yukon. Cependant, prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de sa communauté. Alors, ne vous oubliez pas!
