Pierre-Luc Lafrance
Depuis quelques semaines, on entend parler d’un projet de ReStore exploité par Habitat pour l’humanité à Whitehorse. Afin d’en savoir un peu plus sur ce projet et sur le concept derrière ce type d’entreprise, l’Aurore boréale a rencontré Richard Johnson, membre du conseil d’administration d’Habitat pour l’humanité Yukon et coordonnateur des bénévoles.
Richard Johnson agit à titre de bénévole pour Habitat pour l’humanité depuis sept ans. Photo : Pierre-Luc Lafrance.
Le premier ReStore est né à Winnipeg il y a vingt ans. Depuis, on en trouve 90 au Canada et aux États-Unis. Le mode de fonctionnement est simple : c’est un endroit où les matériaux de construction qui sont toujours utilisables sont récupérés avant d’être revendus. « C’est une façon d’utiliser pleinement les ressources, soutient M. Johnson. À la fin d’une construction, beaucoup de compagnies ont des matériaux neufs ou réutilisables. En ce moment, il n’y a pas de place où ils peuvent les laisser, alors ça se retrouve souvent au dépotoir. Il y a aussi les grands magasins comme Home Hardware ou Canadian Tire qui pourraient donner des produits de fin de série. »
Le but est de revendre des matériaux de bonne qualité et tous les profits reviennent à la filiale locale d’Habitat pour l’humanité qui va réinvestir le montant dans une nouvelle construction. Les clients de ce type de commerce sont nombreux, de l’entreprise de construction au bricoleur du dimanche. On pourra s’approvisionner à une fraction du prix courant.
Encore des étapes avant le lancement
Pour le moment, le ReStore de Whitehorse est encore théorique. L’organisme a reçu une subvention du gouvernement pour compléter son plan d’affaires. Par contre, une étude de faisabilité a été réalisée et elle a permis de démontrer que non seulement il y avait un besoin, mais que l’entreprise serait viable.
« On va pouvoir parler d’un échéancier d’ici quelques mois, mais avant le printemps, on devrait avoir une bonne idée de ce qui va se faire. La prochaine étape sera de mettre en place une équipe. »
Pour M. Johnson, un ReStore serait un actif important dans notre milieu. « Ça fait plusieurs années que je suis bénévole pour Habitat pour l’humanité et il y a de nombreuses personnes qui viennent me voir pour me dire qu’ils aimeraient avoir un ReStore. Il y a une vraie demande. À Camrose en Alberta, dans un milieu qui n’est pas plus grand que le nôtre, ils ont repayé le coût de la construction en dedans de deux ans. Il n’y a aucune raison que ce ne soit pas viable ici : les produits ne coûtent rien et les coûts d’exploitation sont minimes puisque les gens y travaillent bénévolement. »
Dix ans d’entraide communautaire
L’année 2014 marquait le dixième anniversaire d’Habitat pour l’humanité au Yukon. M. Johnson s’implique depuis sept ans maintenant, alors il peut voir l’évolution de l’organisme. « Nous avons construit 17 foyers pour des familles, c’est quand même exceptionnel pour une petite filiale. C’est de l’entraide communautaire, mais pas des dons. Les familles sont impliquées. Elles doivent faire du bénévolat. Aussi, elles doivent payer l’hypothèque sur 20 ans sans intérêt. En ce moment, on travaille sur un duplex à Whistleband. Les travaux sont arrêtés pour l’hiver, mais on va reprendre au printemps. On s’assure lors de la construction de répondre aux plus hautes normes énergétiques pour que les familles paient le moins cher possible en chauffage. Parce que c’est beau d’avoir une maison, mais il faut aussi être capable de vivre dedans. »
L’organisme est toujours à la recherche de nouveaux bénévoles. On peut proposer ses services par le biais du site Internet www.habitatyukon.org/. Ceux qui aimeraient se joindre au conseil d’administration ou en apprendre davantage sur Habitat pour l’humanité peuvent aussi assister à l’assemblée générale annuelle qui aura lieu au début du mois de mars. On cherche aussi un comptable puisque la personne qui occupait ce poste vient de démissionner.
