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le Jeudi 4 avril 2019 12:30 Art et culture

Louisette Boudreau, une styliste yukonnaise, fait ses premiers pas à Toronto

La styliste Louisette Boudreau présentera pour la première fois sa collection « La Collision par Louisette » lors de Fashion Art Toronto, du 24 au 28 avril 2019.
Photo :  Damien Vincent Photography
La styliste Louisette Boudreau présentera pour la première fois sa collection « La Collision par Louisette » lors de Fashion Art Toronto, du 24 au 28 avril 2019. Photo : Damien Vincent Photography

« C’est important d’utiliser les fourrures, de les garder au Canada et de montrer à quel point les produits sont bons. Nos fourrures sont parmi les meilleures au monde. »

La styliste Louisette Boudreau présentera pour la première fois sa collection « La Collision par Louisette » lors de Fashion Art Toronto, du 24 au 28 avril 2019.
Photo : Damien Vincent Photography

Louisette Boudreau, installée au Yukon depuis dix-huit ans, s’apprête à présenter pour la première fois sa collection « La Collision par Louisette » à Fashion Art Toronto, du 24 au 28 avril 2019. Influencée à la fois par le style vestimentaire des artistes du Moulin Rouge à Paris et par la fourrure des animaux emblématiques du territoire, cette collection symbolise la rencontre de deux mondes complètement opposés, mais qui, au final, se marient bien dans les pièces conçues par Mme Boudreau. « J’apporte mon amour des corsets, de la fantaisie et de la beauté du style français qui va bien avec le Yukon Sourdough Rendezvous. Puis, [mes vêtements] rencontrent le monde de la chasse et de la trappe avec la fourrure », affirme-t-elle.

Originaire du Nouveau-Brunswick, Mme Boudreau est une autodidacte. En effet, enfant, elle a appris les gestes du métier en regardant sa tante travailler sur des patrons et coudre des robes de bal. Puis, en arrivant au territoire, elle s’est intégrée à la Première Nation de Kluane d’où son conjoint est originaire. C’est au contact de sa belle-famille et de ses amis qu’elle a appris à maîtriser la couture des fourrures. Du loup gris en passant par le castor, le lynx, le coyote, ou encore le rat musqué, toutes les fourrures sont issues d’animaux trappés de façon traditionnelle, et donc respectueuse de l’animal selon Mme Boudreau : « J’ai appris à travailler avec la fourrure et les peaux parce qu’on chasse et on trappe. Je voulais être capable de travailler sur les fourrures et de pouvoir les incorporer. C’est important d’utiliser les fourrures, de les garder au Canada et de montrer à quel point les produits sont bons. Nos fourrures sont parmi les meilleures au monde. »

Une collaboration avec des artistes yukonnaises

Mme Boudreau, consciente de la nécessité de construire des liens avec la communauté, travaille avec une équipe yukonnaise entièrement féminine : « C’est une équipe d’artistes et on fait toute la collection ensemble », précise la styliste. Pour le travail de perlage, elle a demandé à une amie, l’artiste gwich’in Lucy-Anne Kay, de fournir les pièces perlées pour lesquelles elle a carte blanche : « Lucy-Anne fait la majorité du perlage. J’admire son travail et lorsque je lui commande des ensembles de couvre-bottes, elle décide de la couleur et du graphisme. Ce sont toujours de belles pièces que je suis capable d’incorporer dans la collection. »

Faire connaître le savoir-faire yukonnais sur la scène nationale

Vitrine de la mode sous un angle artistique, voire expérimental, Fashion Art Toronto présentera aussi des performances, des installations artistiques, des photographies, et des courts-métrages expérimentaux et multisensoriels influencés par l’art. Mme Boudreau souhaite sensibiliser le public à l’importance de la trappe et de l’utilisation de la fourrure au territoire : « Je vais préparer des arguments et répondre aux questions difficiles, mais avec mon équipe, on travaille fort et on respecte la nature. Je reste confiante. » Selon l’artiste, il est aussi important de garder, autant que possible, les fourrures à l’intérieur du pays afin de montrer à l’industrie que les artistes du Yukon ont du talent, et ainsi leur permettre une reconnaissance sur la scène nationale. Quinze pièces seront donc présentées (des jupes, des châles et des corsets), mais aussi des accessoires comme des couvre-bottes et des sacs à main : « J’ai fait des pièces vraiment sexy parce que je veux attirer l’attention du public et de l’industrie », conclut-elle.