le Mardi 21 janvier 2025
le Jeudi 9 janvier 2025 7:53 Sports et loisirs

Vianney Goma : photographe de l’extrême

Vianney Goma se considère un peu comme un chasseur d’images. — Photo : Maryne Dumaine
Vianney Goma se considère un peu comme un chasseur d’images.
Photo : Maryne Dumaine
Il y a cinq ans, Vianney Goma, originaire du sud de la France, s’aventurait au Yukon pour immortaliser « la beauté brute de la nature ». Ce qui devait être un simple séjour est devenu une expérience de vie inoubliable.

À l’origine, l’idée était de faire un séjour au Canada avec un ami, Jérémie Villet, spécialisé dans la photo d’hiver. Ensemble, ils ont décidé de mutualiser leurs projets et ont passé un mois au Québec avant de se rendre au Yukon, attirés par ses paysages sauvages et sa faune exceptionnelle.

Le Yukon, destination « fantasmée » par les photographes

« Terre de légendes et de découvertes, le Yukon est un lieu prisé des photographes originaires d’Europe », explique Vianney Goma. « Ça a la réputation d’être sauvage, il y a des espèces que tu ne trouves nulle part ailleurs, ou très peu, comme la chèvre de montagne, les renards croisés… »

Il raconte son arrivée à Whitehorse, début février, sur un de ces vols qui arrivent très tard le soir. « J’avais emprunté un chariot de l’aéroport pour traverser l’Alaska Highway pour aller à l’hôtel en face, le Airport Chalet. Ça caillait! Il faisait hyper froid, je ne parlais pas anglais! J’ai trouvé mon chemin, mais c’était l’aventure! On est parti le lendemain matin. Direction : La Dempster ». L’aventure commençait.

Il passe ensuite les deux premiers mois sur le territoire, sans attaches, à ne faire que de la photo. « C’était super épanouissant », se remémore le photographe. Après quelques semaines, son ami est parti, mais Vianney, lui, est resté. C’était il y a cinq ans!

La photographie d’hiver : une expérience sans pareil

Derrière l’objectif, les défis sont nombreux. Les températures extrêmes, allant jusqu’à -40 °C, et des conditions de neige et de glace intenses rendent chaque sortie photographique éprouvante. « C’était comme un bond dans un autre monde », raconte-t-il, en évoquant cette première rencontre avec le Yukon et des conditions intenses, qu’il n’avait jamais connues, même en Norvège où il avait fait un reportage animalier.

Les longues attentes dans le froid mordant tandis que le matériel résiste difficilement à ces températures extrêmes rendent l’activité plus difficile. Plusieurs fois, il avoue s’être gelé les doigts. Pourtant, c’est ce que le photographe recherche : l’émotion captée à travers des conditions qui semblent presque irréelles. « C’est dur, mais ce qui me plaît, c’est le résultat : l’image doit être douce et agréable malgré les conditions sévères dans lesquelles vivent ces animaux », explique le photographe qui a depuis fait de nombreuses autres expéditions photo. Pour lui, la photo doit être authentique, avec peu de retouches et des images brutes.

« C’est dur, mais ce qui me plaît, c’est le résultat. L’image doit être douce et agréable malgré les conditions sévères. »

Le Yukon ne dévoile pas ses secrets facilement. Suivre un loup dans l’immensité neigeuse relève du défi. Malgré les difficultés, des moments inoubliables se sont gravés dans sa mémoire, comme cette rencontre avec un renard croisé, un animal à l’allure unique, qui a marqué son expérience dès son premier séjour sur la Dempster.

Le photographe se souvient de cette rencontre, où le renard, peu farouche, s’est approché suffisamment près de lui pour aller jusqu’à mordiller sa botte. « Je me souviens encore du couinement du caoutchouc sur ses dents ». Au fil des ans, l’artiste est retourné sur ces mêmes lieux, espérant retrouver ce renard. « Quand j’y retourne, je connais exactement où il était. [Pendant un temps], à chaque fois que je venais, il était dans le coin. Et là, je ne l’ai pas revu depuis trois ans. Un renard croisé a une espérance de vie autour de cinq ans. Donc, il doit certainement être mort. Mais je pense à lui à chaque fois que j’y vais. »

Une bourse pour photographier les loups

En 2023, Vianney a reçu la bourse Iris – Terre Sauvage, destinée à financer des projets photographiques en immersion. Cela lui a permis de partir sur les traces des loups des forêts. Même s’il n’a pas pu les observer de très près, il en a entendu et photographié de loin. Surtout, cette expérience a renforcé son envie de documenter la faune dans son état le plus pur.

Une passion ancrée dans la nature

Né dans la campagne française, Vianney a grandi entouré de faune et de flore, une immersion qui a nourri dès l’enfance son amour pour la nature et la photographie. Enfant, il se baladait autour de la ferme familiale pour immortaliser les nombreuses espèces d’oiseaux.

Formé comme écobiologiste, il travaille désormais en construction. Il consacre chaque année plusieurs semaines à sa passion, qu’il considère comme une quête solitaire et essentielle pour capter la beauté de la vie sauvage.

Actuellement, il met temporairement la photographie de côté pour se construire une minimaison, mais il envisage déjà de nouvelles expéditions, peut-être en Alaska, ou pour reprendre son projet sur les loups. 

« Après la tempête et le chaos, le calme et la sérénité ». Renard croisé.

— Photo : Vianney Goma