À l’heure de l’éclosion des premiers bourgeons, il nous semble bien évident que les feuilles ne recevront aucune vie si les bourgeons ne restent pas attachés à la branche. L’arbre a bien raison de dire à ses bourgeons : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15,5).
Le mouvement naturel de la vie va de l’intérieur vers l’extérieur. Le bourgeon qui laissera apparaître ses fleurs et ses fruits ne peut vivre sans accepter humblement de rester attaché à son arbre qui le nourrira avec abondance de sa sève. Plus encore, l’arbre donne toute sa vie au point que son empreinte est dessinée dans ses feuilles et que sa semence se retrouve en ses fruits. Et tout ça, dans une pure gratuité…
Si c’est si vrai pour un bourgeon, ne devrait-on pas aussi le reconnaître pour nous? À quoi bon chercher à se donner la vie par soi-même ou par nos propres moyens, en se payant à grands prix des biens matériels, une réputation, un nom, une carrière, alors qu’on pourrait accueillir le mouvement de la vie qui vient de l’intérieur de nous vers l’extérieur?
Si une vie peut surgir d’une branche sèche au printemps, ne peut-on pas imaginer qu’une vie nouvelle peut aussi surgir de nos épreuves, de nos pauvretés, de nos déserts et de nos prisons intérieures habitées de violences et de peurs? La condition pour y parvenir, c’est d’accepter humblement la vie qui se donne à notre portée, et de la reconnaître avec reconnaissance à même notre histoire et notre quotidien.
L’arbre, c’est la communauté dans laquelle on vit. Le bourgeon, c’est chacun de nous. La sève, c’est la VIE divine qui s’offre à nous en gestes d’entraide et de partage, en écoute et en compassion, en vigueur intérieure et en espérance. Laissons couler, à travers l’arbre tout entier jusqu’à nous, la sève de son Esprit qui nous fera porter des fruits de paix, de justice et d’amour.
Prenons le beau risque du bourgeon et laissons la VIE divine dessiner son image en nous jusqu’à nous faire porter des fruits en abondance. Nous entendrons alors la voix de la Sève nous redire : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous » (Jean 15,7).
Si l’arbre est vraiment dans ses feuilles, chantons notre vie avec confiance et gratitude, maliron, maliré !