Je suis allée à Arctic Encounter avec la Fondation Students On Ice, à titre de participante de la Cohorte de politiques arctiques pour en apprendre plus sur les intérêts, les projets et la vision des États-Unis dans la région.
Pendant trois jours, une foule de panels se sont donc concentrés sur l’environnement, les relations internationales et l’activisme des peuples autochtones en Alaska, mais surtout… sur les ressources exploitables dans la région. En fait, il fallait fouiller longuement la foule des yeux pour voir d’autres personnes que des ministres, gérants d’entreprises et représentants de mines habillés en costume.
Coûte que coûte
Le panel sur les minéraux critiques était l’occasion toute désignée de poser des questions importantes, sachant que les États-Unis et le Canada ont annoncé de nouveau leur intention de collaborer dans ce domaine lors d’une visite du président Joe Biden à Ottawa, le 24 mars dernier. Dans une note d’information publiée le même jour par le gouvernement du Canada, on annonce que les deux pays travailleront de concert pour renforcer la chaîne d’approvisionnement de ces minéraux qui seraient nécessaires à la transition énergétique, afin de créer « des occasions d’affaires de part et d’autre de la frontière ».

Le panel « Développer les minéraux critiques : un impératif stratégique », présenté par l’Université d’Alaska, a abordé la nécessité de répondre à la demande croissante pour les minéraux critiques… mais beaucoup moins les impacts environnementaux de cette industrie minière.
Je n’ai pas épargné le panel portant sur le sujet : « Étant une des seules jeunes présentes dans cette salle, je suis inquiète pour mon avenir. Il y a beaucoup de greenwashing (écoblanchiment) dans l’industrie des minéraux critiques. Comment pouvons-nous suivre la chaîne d’approvisionnement de ces minéraux pour nous assurer qu’ils terminent dans des projets pour notre transition verte, et non dans un 39e iPhone, des puits de pétrole ou des infrastructures de défense nationale? », ai-je demandé. La réponse de Bill Schnabel, doyen du College of Engineering and Mines à l’Université de Fairbanks en Alaska, m’a quelque peu déçue. Celui-ci ne fait aucune distinction entre les minéraux nécessaires à la transition et ceux qui sont utilisés pour répondre à nos besoins de consommation. Pourtant, c’est la différence même entre des minéraux et des minéraux jugés critiques…
La jeunesse à la rescousse
La dernière journée du symposium, mes collègues provenant des quatre coins du Canada et moi-même avions la mine (sans jeu de mots) quelque peu dépitée face à la tournure des discussions, que je pourrais résumer en quelques mots : « Il faut plus d’extraction minière »; « l’industrie pétrolière peut représenter une partie de la solution »; « la Russie est l’ennemie » et « aucun retour à la normale ne peut être envisagé dans un avenir proche ».
Par chance, juste avant le symposium, une journée de la jeunesse était organisée afin que les jeunes présents puissent se rencontrer et échanger. C’est donc une cinquantaine de jeunes du Groenland, des États-Unis et du Canada – provenant en majorité de communautés autochtones – qui ont pu aborder les défis dans leurs communautés et les solutions qui ont émergé en matière de changement climatique. Plus encore, c’était le seul moment où les sentiments des jeunes ont été pris en compte, écoutés, compris et réellement validés.
Personnellement, je me suis sentie très choyée d’apprendre aux côtés de Michaela Stith, une jeune activiste ayant écrit un livre sur les différents visages de l’Arctique pour que ceux-ci ne soient pas ignorés lorsque vient le temps de créer des politiques dans la région. Ou aux côtés du (seul) panel sur la jeunesse, ralliant entre autres Qilak Kaludjak et Nivi Rosing. Cette dernière a notamment mentionné l’importance de créer des espaces où les jeunes de l’Arctique peuvent se rencontrer et partager leurs bonnes pratiques.
Ces conférences sont souvent difficiles émotionnellement pour les jeunes qui y participent, parce que l’on constate que notre vision de l’Arctique diffère grandement de celle des personnes en situation de pouvoir. Partant de ce constat, je crois que l’importance de ces conférences réside davantage dans les rencontres en marge de ces grands panels. D’après moi, c’est là que la créativité, la motivation et le désir de changement se cachent réellement.