Ce texte est suivi d’une capsule « Lecture simple ».
Stéphanie Bourret découvre le robot virtuel lors de l’entrevue. « On dirait que je ne sais pas trop à quoi m’attendre », lance la directrice Formation et Personnes aînées de l’Association franco-yukonnaise (AFY), une fois devant l’interface.
Sorti officiellement en novembre 2022, ChatGPT est un produit de l’intelligence artificielle avec lequel les gens peuvent converser et trouver réponse à des questions en plusieurs langues. Le site Internet chat.openai.com se trouve facilement et fascine par sa facilité d’utilisation. Posez une question, et le robot répondra.

Stéphanie Bourret essayait pour la première fois ChatGPT. Si elle a été impressionnée par ses capacités de synthèse, elle a tout de même décelé quelques erreurs dans les réponses du robot sur la Franco-Yukonnie.
Miser sur la transparence
La page d’accueil de ChatGPT le mentionne d’entrée de jeu : le robot a des limites éthiques et linguistiques et manque parfois d’objectivité. Il peut même se tromper sur toute la ligne. OpenAI est la compagnie d’intelligence artificielle derrière le robot actuel et ses anciennes moutures. Elle informe les internautes que ce dernier a encore du mal à saisir certaines formulations. « Idéalement, le modèle poserait des questions de clarification lorsqu’il reçoit une requête ambiguë. Au lieu de cela, en ce moment, il essaie généralement de devenir ce qu’on attend de lui », est-il inscrit sur le blogue de la compagnie.
Et, quand on demande à ChatGPT s’il est possible de l’utiliser à mauvais escient, il répond avec honnêteté : « Oui, comme tout outil informatique. Par exemple, les informations erronées ou trompeuses peuvent être diffusées intentionnellement à des fins malveillantes, ou des propos haineux ou offensants peuvent être générés ».
Le but est donc que le robot s’améliore au fil du temps. La rétroaction demeure nécessaire pour que le modèle se perfectionne, insiste OpenAI, qui bénéficie notamment du soutien financier de Microsoft.
Des données à prendre avec des pincettes
Pour mettre le robot au défi, Stéphanie Bourret lui a posé quelques-unes des questions sur la Franco-Yukonnie qui se trouvent sur les modules mis au point par l’AFY dans le cadre du cours en ligne à ce sujet.
« Bon, ça commence mal! », lance la directrice en riant, alors qu’une réponse erronée surgit à la première question. L’école primaire de français langue première au Yukon porte le nom d’Émilie-Tremblay, et non de Marie-Anne Gaboury, une francophone qui s’est établie au Manitoba dans les années 1800.
En effet, dès que certaines précisions sont requises, le robot se fourvoie. Pour parler des organismes francophones présents au territoire, il nomme trois organismes qui n’existent pas, et la Fédération Franco-Ténoise. « Il y a un petit côté humain alors… même lui il se mélange entre le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest! », lance à la blague Stéphanie Bourret.
À la question « y a-t-il beaucoup de francophones au Yukon? », ChatGPT rétorque que le nombre est relativement faible. « Il a utilisé le pourcentage de la population qui parle le français comme langue première pour justifier son choix », note Stéphanie Bourret. « Ça aurait été intéressant qu’il ajoute les gens qui peuvent s’exprimer en français au Yukon, parce que c’est surtout sur ce pourcentage plus important que l’on s’appuie. C’est une subtilité que tu connais comme francophone en situation minoritaire, mais lui il n’a peut-être pas saisi cette nuance-là », souligne-t-elle.
Capacité de synthèse impressionnante
Cependant, le robot se reprend habilement lorsqu’il est questionné sur des concepts plus larges, comme sur les francophones en situation minoritaire au Canada. « Le fait qu’il ait parlé de la Loi sur les langues officielles et le Fonds du Canada pour les publications en français, c’est vraiment bon », souligne Stéphanie Bourret. Dans une réponse concise, ChatGPT a aussi ajouté que « les francophones en situation minoritaire peuvent faire face à des défis pour maintenir et développer leur culture et leur langue, tels que la pression pour adopter la langue majoritaire ou la difficulté à trouver des services en français ».
Lorsque des questions portent sur des notions plus générales ou qui ont été posées plus souvent au robot – comme le féminisme, les changements climatiques ou la littérature classique –, l’intelligence artificielle sait faire preuve d’une grande capacité de synthèse et d’analyse.
ChatGPT a également cité plusieurs enjeux convaincants auxquels les francophones en milieu minoritaire sont confrontés.
« Je suis quand même impressionnée », conclut Stéphanie Bourret, après avoir conversé pour une première fois avec le robot. « Je pense que ça peut être intéressant d’explorer et de l’utiliser dans un contexte de travail et non scolaire. Pas de faire un copier-coller, mais de l’utiliser comme une base ou une ébauche sur laquelle tu peux travailler. »
LECTURE SIMPLE
ChatGPT : le robot qui « parle »
ChatGPT est un robot virtuel très intelligent, en ligne, qui peut aider les gens à répondre à toutes sortes de questions. Il peut créer des recettes, écrire des poèmes sur n’importe quel thème ou proposer des suggestions musicales. Il peut expliquer de grands concepts comme le féminisme ou les changements climatiques.
L’entreprise qui l’a créée s’appelle OpenAI. Elle a développé plusieurs versions de ChatGPT dans le passé, et la version actuelle existe depuis novembre 2022.
Forces et faiblesses
Le robot est encore imparfait et se trompe souvent sur des questions précises. Il est meilleur dans les sujets généraux que dans des sujets avec plus de nuances.
Depuis sa sortie, plusieurs personnes tentent de montrer ses avantages et ses inconvénients (le positif et le négatif). D’un côté, le robot peut nous apprendre plein de choses, mais de l’autre, il peut être utilisé de la mauvaise manière. À l’école, par exemple, des jeunes pourraient l’utiliser pour faire leurs devoirs sans vérifier l’information. D’un autre côté, le robot est utile pour commencer une recherche sur un sujet ou pour apprendre une autre langue, par exemple.
Dans l’article, on a testé le robot avec Stéphanie Bourret, qui travaille à l’Association franco-yukonnaise. On a posé à ChatGPT des questions sur la francophonie du Yukon, et le robot s’est trompé plusieurs fois. Toutefois, sur des questions plus larges, le robot virtuel a donné des réponses élaborées et claires.