le Lundi 5 juin 2023
le Jeudi 9 février 2023 7:45 | mis à jour le 14 février 2023 13:19 Sports et loisirs

La Yukon Quest déchirée entre le Yukon et l’Alaska

Luc Tweddell participera à la Yukon Quest 100 miles. — Photo : Fournie
Luc Tweddell participera à la Yukon Quest 100 miles.
Photo : Fournie
Régie par de nouvelles réglementations pour une deuxième année, la fameuse Yukon Quest se tiendra cette semaine, divisée en deux événements indépendants, respectivement au Yukon et en Alaska.

L’Alaska a annoncé l’année dernière qu’elle se dissociait de la Yukon Quest internationale en 2023, mais les deux conseils administratifs du Yukon et de l’Alaska ne semblent pas s’entendre sur les raisons de cette décision.

« Nous étions en plein processus de négociation, les deux côtés avaient donné leurs positions et la négociation commençait à peine à se préparer, quand nous avons découvert dans les médias de l’Alaska que le conseil de l’Alaska avait pris une décision unilatérale d’arrêter de travailler avec nous », rapporte John Hopkins-Hill, agent d’administration et des opérations de la Yukon Quest au Yukon.

« Ils ont dit que c’était parce que nous avions proposé 196 heures ou environ de repos, ce qui était factuellement incorrect à ce moment-là et qui est factuellement incorrect maintenant », soutient-il.

De son côté, l’Alaska blâme la pandémie. « C’est en raison de la COVID. C’est parce que nous ne pouvions pas traverser la frontière […] Elle était toujours fermée quand nous avons commencé à planifier pour 2023 », rapporte Cathy Dimon, directrice générale de la Yukon Quest en Alaska.

« Il y a toujours des discussions en cours en lien avec les règles et les changements de règles possibles, et le conseil de l’Alaska est certainement ouvert à rencontrer le conseil du Yukon et discuter de ceci, mais ce n’était pas la raison de la division de la course », avance-t-elle.

Ramener le 1 000 miles

Les deux conseils administratifs semblent tout de même vouloir se diriger vers un terrain d’entente pour potentiellement fusionner à nouveau dans les années à venir.

« Nous aimerions beaucoup avoir la course de 1 000 miles à nouveau, quand la frontière sera complètement ouverte. Avec optimisme et la frontière nouvellement ouverte, nous le pourrons. Nous sommes certainement ouverts à des discussions pour ramener la course ensemble », ajoute Cathy Dimon.

C’est un discours semblable que tient John Hopkins-Hill au Canada : « Avec de nouveaux membres des deux côtés, nous sommes optimistes, ici au Yukon, que les Alaskiens soient ouverts aux échanges et négocient de bonne foi au printemps. »

Entre-temps, des courses ont lieu des deux côtés de la frontière, mais de plusieurs distances différentes. Des courses de 100, 250 et 450 miles se tiendront du côté canadien cette année.

Amélie Janin participera à la Yukon Quest pour la première fois cette année.

Photo : Fournie

Une porte d’entrée

Pour plusieurs musheurs, les distances plus courtes rendent la course plus accessible. « J’ai remarqué que c’est comme une porte d’entrée pour plusieurs musheurs qui n’auraient peut-être pas nécessairement participé », souligne Amélie Janin, nouvelle participante à la Yukon Quest.

« 250 ou 300 pour moi c’est un peu trop […] Le 100 miles c’est accessible, je peux le faire, c’est pour ça que je me suis inscrite. Ça m’aide à participer à la Yukon Quest qu’il y ait une course de 100 miles », partage-t-elle.

Des traitements plus « humains » pour les chiens

Qu’il constitue la raison principale du conflit entre le Yukon et l’Alaska ou pas, le temps obligatoire de repos pour les chiens est au centre des préoccupations pour beaucoup de musheurs.

« Les chiens ont besoin de plus de repos, ça c’est officiel. Parce que pour être compétitif dans cette course-là, en faisant le 1600 km, il faut que tes chiens soient capables de courir 160 km par 24 heures. Ça, c’est beaucoup demander aux chiens », explique Luc Tweddell, ancien participant et musheur depuis près d’une trentaine d’années. « Ils prennent des pauses comme tous les autres, mais des pauses tellement courtes. Des fois ils peuvent runner les chiens pendant peut-être huit heures, ils vont s’arrêter deux heures et repartir après pour encore huit heures. »

L’ajout de pauses obligatoires est selon lui de mise pour le bien-être des équipes. « Ce que ça fait, c’est que les chiens récupèrent mieux. Ils s’habituent plus à une routine de courir et d’arrêter et ça prévient beaucoup les blessures et ça maintient le métabolisme des chiens assez normal, donc ils ont le temps de manger, de bien digérer, de se reposer, de prendre un autre repas et de repartir. »

Il croit cependant que ces nouveaux changements de règlement ne feront pas l’unanimité. « Ça va faire plaisir à beaucoup de musheurs qui ne font pas ça à temps plein », affirme-t-il. Mais selon lui, pour des équipes plus compétitives, cela serait plutôt vu d’un mauvais œil et pourrait même amener quelques musheurs à ne pas participer à la course.

Le départ de la Yukon Quest aura lieu ce samedi 11 février à 11 h 30 au parc Shipyards.