Véro Lachance le mentionne sans hésitation : Dernière frontière est le plus gros projet de sa vie. « C’est un travail de longue haleine. Ça fait depuis l’automne 2020 que l’on travaille là-dessus », mentionne l’artiste multidisciplinaire, qui a lancé le projet.
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La pièce qui sera présentée cette année est le fruit des échanges avec le public yukonnais, facilités l’an dernier. « Il a fallu creuser encore plus dans les directions qu’on a choisi d’explorer », résume Véro Lachance. Les réflexions et la dichotomie entre le colonialisme et le rêve du Grand Nord restent au cœur de la pièce, mais plusieurs éléments ont été ajoutés et peaufinés. Pensée et construite pendant la pandémie, la création s’adresse aux personnes francophones qui vivent au Yukon, à celles qui y sont nouvellement arrivées et à celles qui pensent y venir. « L’objectif est de se poser des questions, d’essayer de se défaire de l’idée que tout est beau ici, sans aucun problème, et que tout le monde vit de la même façon », poursuit l’artiste.

Sur les planches du Old Fire Hall de Whitehorse, le public peut s’attendre entre autres à des projections, du drag, de la musique, et surtout, à ce que la représentation fasse réfléchir. « Je pense que ça nous amène à envisager notre apport dans la communauté, ajoute Véro Lachance. “Comment on peut donner, en habitant ici. Moi, qu’est-ce que je redonne au Yukon?’’ »
La richesse du travail collectif
Les membres représentants du Yukon, Frédérique Pierre, Hakim Therrien Boulos, John Fingland, Marie-Christine Boucher, Nic Hyatt et Véro Lachance ; et ceux du Québec, Jade Barshee, Chloé Barshee, Audrée Lewka Juteau et William Couture, ont travaillé collectivement pour mener à bien le projet.
Même si cela allonge et complexifie le processus de création, Véro Lachance n’aurait pas fait les choses autrement. « Pour moi, c’est l’idéal. On apporte des forces différentes. C’est une équipe qui est incroyable, avec des personnes aux expériences vraiment différentes », souligne l’artiste. Forte du partenariat avec le Théâtre Everest, au Québec, la troupe a pu participer à une résidence de création en décembre dernier à Tio’tia:ke (Montréal) pendant deux semaines.
Ouvrir la discussion en milieu francophone
Pour Véro Lachance, ces représentations sont une tentative de générer des conversations et des réflexions dans le milieu francophone sur les relations entretenues avec la communauté yukonnaise et les peuples autochtones. Chez l’artiste, ces questionnements reviennent souvent depuis son arrivée au Yukon en 2017. Si Véro Lachance souhaite célébrer le fait français, qui fait partie de son identité, l’artiste veut rester réaliste par rapport au contexte du Yukon et avoir une réelle cohabitation avec les autres groupes qui habitent le territoire. Ces remises en question doivent émerger dans l’espace francophone, selon l’artiste. C’est l’ambition derrière Dernière frontière.
Après les premières au Yukon, la troupe se produira à Montréal à l’automne.