le Vendredi 2 juin 2023
le Jeudi 29 septembre 2022 5:00 | mis à jour le 4 janvier 2023 17:21 Sports et loisirs

Comprendre la nature, les pieds posés sur le toit du monde

Une énergie ancienne, une force majestueuse, un sentiment unique. Il y a deux mois, Juliette Belisle Greetham regardait l’immensité du paysage du parc national Kluane depuis les hauteurs d’un glacier. Lors de cette expédition de 11 jours, le groupe, composé exclusivement de jeunes filles, a appris que la détermination pouvait déplacer des montagnes.

En juillet dernier, Juliette Belisle Greetham débutait, en compagnie de huit autres filles, ce qu’elle qualifie d’une des plus belles aventures de sa vie. L’organisme Girls on Ice Canada offre des expéditions gratuites d’immersion en nature qui allient science, environnement et art pour les jeunes filles. « C’est pour inspirer le leadership et la confiance en soi pour la prochaine génération de leaders », ajoute la jeune Franco-Yukonnaise.

Cet été, pour la première fois, Girls on Ice Canada s’est exporté au Yukon. « C’est la première fois que je me suis rendue aussi loin, dans un endroit aussi reculé, non touché par les hommes. C’était tellement authentique », se remémore Juliette.

L’immensité comme école

Le groupe de Canadiennes, accompagné d’une hydrologue, d’une guide alpiniste et d’une glaciologue, a imprimé une cadence soutenue pour se rendre sur les terres traditionnelles de la Première Nation de Champagne et d’Aishihik, au pied du glacier Samuel.

Elles y ont passé cinq jours mémorables : « La randonnée était vraiment magnifique. C’était comme un immense jardin de fleurs. On a dû se soutenir à travers le terrain parce que c’était vraiment difficile », explique la jeune fille de 17 ans. « 600 m d’altitude et 13 km, les collines défilaient sans cesse », ajoute-t-elle, comme lestée de souvenirs.

Le septième jour était le jour J : l’escalade du glacier. « C’était vraiment le meilleur moment du voyage. On s’était attachées à des cordes et on s’est mis des crampons, on a mis nos grosses lunettes de soleil. On avait un pic à glace et on a appris à faire des carottes de glace et on est monté jusqu’en haut », s’exclame Juliette, fière de l’exploit. « On était toutes tellement reconnaissantes d’avoir cette chance; on était toutes épanouies de la beauté. »

Les jeunes ont également passé quelques jours à la station de recherche du lac Kluane, notamment pour en apprendre plus sur les impacts des perturbations hydrologiques dans l’Ä’äy Chù (la rivière Slim’s). « On a fait des études sur le terrain alpin et on a étudié la diversité des plantes, affirme la jeune fille. On a fait une présentation sur nos recherches et les gens étaient vraiment intéressés! »

Selon Kristina Miller, l’une des instructrices de plein air, la première édition yukonnaise a été un succès. « C’était un honneur de travailler avec le programme de leadership en plein air autochtone de l’Université du Yukon sur le campus de Haines Junction et d’accueillir les dirigeants autochtones dans notre expédition en arrière-pays », s’enthousiasme-t-elle. Elle le confirme déjà : il y aura une seconde expédition au territoire en 2023.

Nouer des cordes et des liens

Le seul moment difficile? Quitter ses camarades. « C’était tellement triste, se désole Juliette. Deux semaines avant, c’était des étrangères; et après, c’était des meilleures amies. » Selon elle, le fait que l’expédition se déroulait seulement entre personnes qui s’identifient au genre féminin a créé une atmosphère plus intime et chaleureuse. « On a pu parler d’expériences que les gars ne peuvent juste pas comprendre. C’était très “guérissant” [healing]. »

Selon elle, les rencontres en elles-mêmes valaient la chandelle. Elle recommande à toutes les filles entre 16 et 18 ans de s’inscrire aux prochaines activités de Girls On Ice Canada, ne serait-ce que pour repousser leurs limites, faire des rencontres inoubliables et découvrir la nature sous un œil nouveau.

Pour Juliette, cette expérience a même fait germer quelques plans de carrière : « J’aimerais définitivement travailler pour des programmes de plein air avec des jeunes, quelque chose qui a rapport à l’environnement », projette-t-elle, en mentionnant du même souffle qu’elle souhaite étudier les politiques environnementales. « Je veux poursuivre cette passion et la partager avec d’autres, pour leur faire voir tout ce que la nature a à offrir », s’enthousiasme l’alpiniste en herbe.