L’offre radiophonique francophone dans les territoires se divise principalement en trois grands formats de diffusion.
D’abord, la chaîne nationale Radio-Canada et sa sœur jumelle CBC North présentent un contenu provenant de leurs stations du Québec et de la région de Vancouver en incorporant quelques capsules produites par les journalistes des territoires.
Les radios communautaires, soit Radio Taïga aux Territoires du Nord-Ouest et CFRT au Nunavut, prennent ensuite le relais en ce qui a trait à l’information et à la représentation régionale francophone.
Enfin, le Yukon a trouvé de son côté une position hybride grâce à une collaboration avec Radio-Canada pour la production et la diffusion d’une émission communautaire hebdomadaire intitulée Rencontres.
Un Grand Nord éloigné, mais connecté
De quoi parle-t-on aux antennes boréales? Certes, la nouvelle régionale d’un barrage de castor qui a cédé et bloqué une voie d’accès essentielle aux Territoires du Nord-Ouest fera la manchette, raconte Thomas Chabot, qui a animé l’émission Latitude à Hay River. Néanmoins, les différents enjeux sur la scène internationale et des débats sur la représentation des femmes dans les médias, par exemple, font également partie de la programmation, explique Nicolas Servel, directeur de la programmation aux Médias ténois.
Beaucoup d’émissions sont encore animées par des animateurs bénévoles, qui y mettent leur touche personnelle. Louis Kandem, alias DJ Louis, est un bon exemple avec son émission qui présente depuis quelques années de la musique africaine à Iqaluit. Plusieurs organismes francophones extérieurs et même certains groupes scolaires à travers le Nord présentent aussi occasionnellement des projets radiophoniques à l’antenne.
Pour compléter le tableau, de nombreux balados, également créés par des bénévoles à travers les territoires, sont diffusés sur plusieurs plateformes en ligne. Certains sont aussi inclus dans la programmation des radios communautaires, comme Queering Iqaluit qui présente la réalité queer au Nunavut ou Allaporte du duo Patrick Poisson et Josiane Guay, enregistré à Whitehorse et diffusé à Yellowknife par Radio Taïga.
Une formule nordique unique
Un problème persiste cependant quant à la constance du support communautaire volontaire. La fusion du journal L’Aquilon et de Radio Taïga pour former les Médias ténois à Yellowknife a été la réponse à cette problématique pour Maxence Jaillet, directeur général des Médias ténois jusqu’en mai 2022 : « Grâce à une équipe élargie de journalistes, rassemblée dans un même bâtiment, il est plus facile de récolter du contenu sur plusieurs plateformes médiatiques à la fois ». De plus, l’effort bénévole, toujours présent, n’est pas divisé entre deux organismes différents.
D’autres solutions comme l’automatisation de la programmation et le partage de contenu entre radios communautaires francophones allègent la tâche du personnel qui doit remplir une grille horaire radio en continu, jour et nuit.
Mais qui écoute la radio francophone dans le nord du pays? Les auditoires, tout comme la population francophone elle-même, sont hétérogènes, car ils proviennent des quatre coins du pays et du monde. Selon Maxence Jaillet, Radio Taïga est également devenue une alternative musicale aux radios commerciales pour les publics anglophones et allophones. C’est le cas au Nunavut où l’émission Hurlements sur la toundra de François Ouellet présente de la musique black métal depuis de nombreuses années.
Quelques balados nordiques en français
Poissento // Le vieux loup solitaire // Nomade Boréal // Queering Iqaluit // Le Yukon autrement // Silène // Allaporte // Sauvage de nature // Le fil musical // Yukon-Extra-Ordinaire // Hurlements sur la toundra.
Articles de l’Arctique est une collaboration des cinq médias francophones des territoires : les journaux L’Aquilon, l’Aurore boréale et Le Nunavoix, ainsi que les radios CFRT et Radio Taïga.