le Mardi 21 mars 2023
le Jeudi 24 février 2022 5:59 | mis à jour le 28 novembre 2022 14:08 Scène locale

Sommet en santé mentale : la crise des opioïdes en mode solution

Alex Hodgins Stacey Robinson-Brown et Todd Pryor ont abordé leur projet de porte-à-porte qui a eu lieu dans la communauté de Carcross/Tagish après l’annonce de plusieurs décès par surdose en quelques jours, en janvier. Photo : Capture d’écran du Sommet sur le mieux-être mental.
Alex Hodgins Stacey Robinson-Brown et Todd Pryor ont abordé leur projet de porte-à-porte qui a eu lieu dans la communauté de Carcross/Tagish après l’annonce de plusieurs décès par surdose en quelques jours, en janvier. Photo : Capture d’écran du Sommet sur le mieux-être mental.

 

Le Sommet sur le mieux-être mental du gouvernement du Yukon, tenu en ligne les 14 et 15 février derniers, a permis de rappeler des concepts de base en santé mentale et de faire la lumière sur les bonnes pratiques ailleurs au Canada, notamment pour pallier la crise des opioïdes.

Alex Hodgins Stacey Robinson-Brown et Todd Pryor ont abordé leur projet de porte-à-porte qui a eu lieu dans la communauté de Carcross/Tagish après l’annonce de plusieurs décès par surdose en quelques jours, en janvier. Photo : Capture d’écran du Sommet sur le mieux-être mental.

 

Si la ministre de la Santé et des Affaires sociales du Yukon Tracy Anne-McPhee a mentionné que le but du sommet était de « partager des idées et inspirer plus de conversations sur le bien-être mental », les Yukonnais et Yukonnaises qui y ont assisté virtuellement ont eu un rôle plutôt passif.

En effet, les périodes de questions ont été courtes et les échanges sont demeurés restreints. Somme toute, les présentations des conférenciers et conférencières, majoritairement de la Colombie-Britannique et du Yukon, pourront inspirer les prochains programmes mis en place par le gouvernement territorial.

« Les points de vue que nous avons entendus lors du sommet contribueront à orienter notre prochain Plan d’action sur les opioïdes et nous aideront à améliorer le bien-être mental de tous les résidents », a soutenu Tracey Anne-McPhee par voie de communiqué, quelques jours après l’événement. « Comme on nous l’a dit, il n’y a pas de solution magique aux problèmes de toxicomanie et de santé mentale, mais nous savons que nous devons continuer à travailler ensemble pour relever ces défis et améliorer la santé de nos collectivités. »

La crise des opioïdes à l’avant-plan

Sans surprise, la crise des opioïdes s’est avérée le sujet le plus couvert. Près du tiers des 16 conférences s’y attardait. La table a été habilement mise par le témoignage poignant de Gary Bailie, un père ayant perdu sa fille Stacity, âgée de 27 ans, en lien avec une intoxication aux opioïdes en octobre dernier.

« Je veux que la vie de ma fille soit un catalyseur de changement positif, et c’est pourquoi je prends la parole aujourd’hui », a-t-il confié. Il a tenu à rappeler que la dépendance n’est que le symptôme d’un trauma plus grand et qu’il faut à tout prix demeurer empathique et sans jugement envers les personnes qui en souffrent.

Divers programmes d’approvisionnement sûr

Plusieurs professionnel.le.s de la santé ont dédié leur présentation à leur programme d’approvisionnement sûr, soit le fait de fournir de la médication aux adultes qui consomment des drogues illicites, afin de prévenir les surdoses et les décès.

Le Dr Mark Tyndall a introduit son projet MySafe, soit des machines d’entreposage et de distribution sécuritaire d’opioïdes. Cinq de ces machines sont présentement installées en Colombie-Britannique et peuvent être utilisées par 75 personnes ayant reçu une prescription au préalable de la part du médecin.

« Je crois qu’après six ans dans cette épidémie et des milliers de vies fauchées, je crois que de ne pas donner à ces personnes une alternative aux drogues empoisonnées dans les rues est tout simplement non-éthique. Je crois que c’est fou. Nous savons que les gens vont continuer de consommer ces drogues », a souligné Mark Tyndall, également professeur à la Faculté de médecine de l’École de santé publique et des populations de l’Université de la Colombie-Britannique.

Les programmes d’approvisionnement sûr restent à leurs balbutiements au Yukon et le gouvernement provincial a annoncé l’élargissement de ceux-ci en octobre dernier, une demande formulée par l’organisme Blood Ties Four Direction depuis longtemps.

L’importance de la prévention

Tout au long du sommet, les conférenciers et conférencières ont insisté sur l’importance d’offrir un continuum de services aux personnes dans le besoin, mais aussi sur la prévention.

Alex Hodgins, de Blood Ties Four Direction, Stacey Robinson-Brown, directrice de la santé de la Première Nation de Carcross/Tagish et Todd Pryor des Services pour le mieux-être mental et la lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie dans les communautés, ont partagé leur expérience du projet de porte-à-porte à Carcross, réalisé afin de sensibiliser la population à la crise des opioïdes.

En allant à la rencontre de la communauté, l’équipe a pu fournir de l’information ainsi que de l’équipement en lien avec la consommation de substances illicites. Pour Stacey Robinson-Brown, cette stratégie permet d’inclure toute la communauté : « Parfois, on croit que ces discussions doivent avoir lieu seulement avec les personnes qui consomment, mais tout le monde est concerné », a-t-elle rappelé.

Todd Pryor a souligné qu’il faut inclure davantage les personnes qui ont souffert de dépendance dans le passé au sein de la lutte.

Prochaines phases du sommet

En tout, 551 personnes se sont inscrites au sommet. Les Yukonnais et Yukonnaises qui n’ont pas pu assister à l’événement — les conférences ayant été présentées lors des heures de travail — peuvent accéder aux présentations en ligne.

Le gouvernement du Yukon a annoncé que des groupes de discussion seront formés et que des ateliers auront lieu au printemps, afin de poursuivre la discussion sur la santé mentale.

IJL – Réseau.Presse
L’Aurore boréale