le Lundi 5 juin 2023
le Jeudi 9 Décembre 2021 5:50 | mis à jour le 28 novembre 2022 14:59 Divers

Réduire. Réutiliser. Réinvestir.

Scott Dudiak est le coordinateur du programme Zero Waste Yukon. Il travaille au
sein de Raven Recycling à Whitehorse.
Scott Dudiak est le coordinateur du programme Zero Waste Yukon. Il travaille au sein de Raven Recycling à Whitehorse.

Nous continuons avec Zero Waste Yukon (Zéro Déchet Yukon) notre série d’entrevues sur l’action climatique. Scott Dudiak, coordinateur du programme, a répondu à nos questions.

Scott Dudiak est le coordinateur du programme Zero Waste Yukon. Il travaille au sein de Raven Recycling à Whitehorse.

 

Sophie Delaigue : Qui est Zero Waste Yukon? Et qu’est-ce que c’est?

Scott Dudiak : Zero Waste Yukon est un effort de collaboration créé pour accroître la sensibilisation et l’action dans les collectivités du Yukon concernant la consommation et l’élimination des ressources. Il s’agit d’une initiative communautaire avec de nombreuses parties prenantes qui travaillent ensemble vers les objectifs zéro déchet.

Zero Waste Yukon est une initiative mise en place par Raven Recycling, afin de promouvoir une communauté totalement exempte de déchets. Raven Recycling est une entreprise sociale à but non lucratif gérée par la communauté et Zero Waste Yukon est une extension de ses objectifs communautaires.

Noël est l’une des périodes où l’on gaspille le plus. Que pouvons-nous faire pour réduire nos déchets?

Scott D. : Noël est peut-être une période où l’on gaspille le plus, mais ce n’est pas nécessaire. Les cadeaux que nous offrons peuvent ne pas produire de déchets et ils peuvent également profiter à notre communauté locale! Le moyen le plus simple d’éviter le gaspillage est d’offrir des cadeaux qui sont des expériences! Surtout pendant la pandémie, les opérateurs touristiques et les restaurants ont vraiment souffert. Offrir un cadeau qui soutient ces entreprises est vraiment important.

Cela pourrait être un chèque cadeau dans un restaurant local, une nuitée dans un hôtel ou un chalet, ou toute autre expérience ici même au Yukon. Les cartes d’abonnement saisonnières pour les musées ou la réserve faunique sont aussi une bonne idée et peuvent être utilisées tout au long de l’année. Il peut aussi s’agir d’un produit alimentaire d’un de nos producteurs locaux à partager en famille. On peut même passer au numérique avec des abonnements à des livres audio, un cours en ligne ou un nouveau jeu vidéo (mais nous préférons une option locale).

On entend souvent dire que le système de recyclage ne marche pas, notamment pour le plastique, et les Yukonnais et les Yukonnaises ne peuvent plus recycler le verre. Que pouvons-nous faire? Et quel emballage choisir, notamment lorsque l’on achète des produits d’épicerie?

Scott D. : Le recyclage du plastique est vraiment un défi qui évolue au quotidien. Raven Recycling travaille fort pour trouver des recycleurs du sud qui ont des installations et des techniques efficaces, et s’assurer que les matériaux du Yukon ne finissent pas dans les décharges ou à l’étranger.

Pour le verre, il n’y a tout simplement pas d’installations vers lesquelles nous pouvons envoyer ce matériau à un prix compétitif. Ce n’est pas unique au Yukon ; c’est un défi pour de nombreuses collectivités en Amérique du Nord.

Lorsque nous achetons des articles d’épicerie, nous pouvons regarder les choses de plusieurs façons. Est-ce que quelqu’un produit localement cette nourriture? Si tel est le cas, même s’ils utilisent des emballages en plastique, ils sont plus durables que les aliments expédiés du monde entier vers le Yukon.

Le deuxième objectif est de se demander s’il existe des solutions de remplacement à un produit lourdement emballé. Cela peut signifier acheter des produits alimentaires en vrac, mais on peut aussi se demander si on peut cuisiner un plat en partant de zéro et le congeler pour plus tard. L’objectif final est bien de considérer les déchets non pas seulement dans les emballages, mais aussi les aliments qui pourrissent dans notre réfrigérateur.

Réduire. Réutiliser. Recycler. Depuis des années, l’accent est mis sur le recyclage. Qu’en est-il de la réduction et de la réutilisation?

Scott D. : Réduire et réfléchir sur nos habitudes sont vraiment les composantes les plus importantes de notre relation avec les déchets. Il faut se demander s’il existe un produit alternatif avec moins d’emballage, s’il existe en vrac ou bien choisir une autre marque. En fonction de notre situation géographique et de nos revenus, les options qui s’offrent à nous sont aussi différentes.

Réutiliser, c’est changer notre perspective sur les choses que nous possédons. Cela signifie acheter un article de bonne qualité qui passera l’épreuve du temps ou se demander s’il y a quelqu’un qui peut réparer un objet cassé.

Pour les vêtements, les appareils électroniques et les appareils électroménagers, il existe souvent des possibilités de réparation. J’encourage également les gens à assister aux cafés de réparation organisés par Yukonstruct, une fois par mois. Des bénévoles aident à identifier ce qui est cassé et à acquérir les compétences nécessaires pour réparer par soi-même!

Collectivement, nous devons exiger davantage de nos gouvernements, des entreprises et des magasins de détail. Nos représentants politiques doivent savoir que nous voulons des lois qui restreignent la production de produits d’emballage dommageables, obligent les producteurs d’emballages à payer pour l’élimination et tiennent les entreprises canadiennes responsables de leurs déchets à l’extérieur du Canada.

Au Yukon en particulier, il est temps que nous instituions la Responsabilité élargie des producteurs (REP). C’est un ensemble de régulations sur les déchets qui oblige les fabricants à payer le coût de la fin de vie de leur produit.

À un niveau individuel, s’il n’y avait qu’une action à prendre pour combattre la crise climatique, laquelle choisiriez-vous?

Scott D. : J’enfreins les règles et vous en donne deux. La première est de voter pour des candidats et des partis qui expriment clairement leur engagement à réduire nos émissions. La seconde consiste à réexaminer ses investissements financiers.

Pour beaucoup d’entre nous, notre épargne-retraite est investie dans des sociétés de combustibles fossiles et pétrochimiques et nous ne le savons pas. Certains analystes prédisent que l’un des changements les plus importants dans la réduction de nos émissions viendra du retrait d’investissements majeurs du pétrole et du gaz.

Contactez votre institution financière et demandez les fonds dans lesquels votre argent est investi. Dites clairement que vous ne voulez pas investir dans les industries à forte émission de carbone. Si on ne peut pas vous donner cette information ou s’il n’y a pas d’alternatives d’investissements responsables offertes, il est temps de changer d’institutions.

Désinvestir son argent des énergies fossiles est une étape majeure. Une fois que vous aurez réinvesti votre épargne dans des investissements durables, on pourrait presque considérer que vous n’avez plus besoin de changements de style de vie.