Que ce soit à l’école ou sur les lieux de travail, les comportements intimidants n’ont plus leur place. De plus en plus d’initiatives visent à les éliminer. Le tout commence par l’éducation, mais aussi par la mise en place de politiques.

Une étude canadienne fondée sur l’observation du comportement d’enfants interagissant à l’école a révélé que, au primaire, une scène d’intimidation se produit toutes les sept minutes sur le terrain de jeu. Photo : Pixabay.
L’intimidation consiste en des actes répétés au fil du temps, qui causent intentionnellement préjudice à autrui, dans le cadre d’un rapport de force déséquilibré.
Le terme « intimidation » désignait au départ des actes physiques comme frapper ou donner un coup de poing, ou un coup de pied. À mesure que les recherches ont révélé que d’autres actes non physiques avaient des effets comparables sur les victimes, la définition de l’intimidation a évolué avec le temps.
La prévention à l’école, une approche qui évolue
Helen-Anne Girouard est conseillère en orientation au Centre scolaire secondaire communautaire (CSSC) Mercier à Whitehorse. Dans le cours de bien-être qu’elle enseigne, les élèves pratiquent la pleine conscience, la gestion des émotions et la connaissance de soi. « Pour tous les élèves de septième année, on a un cours qui s’appelle ‘‘Bien-être’’, dans lequel on apprend aux jeunes à se connaître et à apprendre des stratégies pour vivre l’adolescence », explique-t-elle.
Le plus important pour Mme Girouard est le bien-être des élèves. Elle est passionnée par l’enseignement des compétences émotionnelles, par les dynamiques sociales saines et par la conscientisation de soi. « Ces temps-ci, l’approche dans les écoles ce n’est pas vraiment contre l’intimidation, c’est plutôt pour l’inclusion. On change de vision pour apprendre l’empathie aux jeunes, la bonne communication, l’acceptation de la diversité, et tout ça dans le but de prévenir », ajoute la conseillère en orientation.
Des effets à long terme
Par définition, l’intimidation est répétitive. Elle peut donc avoir des effets traumatisants et durables sur les victimes. Généralement, les personnes qui en sont victimes manifestent des symptômes de dépression (tristesse, perte d’intérêt dans leurs activités), des symptômes d’anxiété (tensions, peurs et craintes), perdent l’estime de soi et, parfois, deviennent plus agressives.
L’intimidation peut également avoir d’autres effets sur les victimes : maux de tête, maux d’estomac, absentéisme scolaire et, dans des cas extrêmes, les situations peuvent mener jusqu’au suicide.
Au-delà de l’école
Tant au Canada qu’ailleurs dans le monde, les recherches soulignent la nécessité d’entreprendre une démarche mobilisant la société dans son ensemble, notamment en prévoyant l’adoption de politiques et d’initiatives de lutte contre l’intimidation.
Le rôle des médias est indéniable. Le public a besoin d’éléments d’information exacts et les médias sont bien placés pour l’éclairer sur des questions touchant la violence, le harcèlement et l’intimidation. Mais au-delà des médias, le rôle individuel de chacun et chacune, dans la société, est important également.
C’est d’ailleurs à cette conclusion qu’en est arrivée la Ville de Whitehorse, qui a annoncé le 29 septembre 2021, par voie de communiqué, sa nouvelle politique en la matière. En effet, la Ville de Whitehorse s’engage à créer et à maintenir un milieu de travail respectueux et exempt de harcèlement pour ses employé.e.s et le public.
Il est donc attendu que si un.e employé.e de la Ville de Whitehorse observait un.e collègue ou un membre du public faire preuve d’un comportement irrespectueux ou harcelant sur son lieu de travail, il ou elle aurait la responsabilité de le signaler à son ou sa superviseur.e.
De même, si un membre du public devait constater qu’un.e employé.e de la Ville faisait preuve d’un comportement irrespectueux ou harcelant dans l’exercice de ses fonctions, un rapport pourrait être déposé sur le site Internet de la Ville.
Notons que certains groupes francophones du Yukon ont également mis en place des politiques dans cette direction, telles que des politiques pour lutter contre le harcèlement. Une formation en ligne sera d’ailleurs offerte par l’Association franco-yukonnaise (AFY) le 20 octobre prochain à ce sujet.
Une prévention à long terme
Les spécialistes ont abouti à la conclusion que les projets de prévention de la violence à long terme sont les plus efficaces. Pour réussir une initiative, il faut s’y engager au-delà de quelques mois ou d’une année. Les recherches démontrent que les programmes de prévention de l’intimidation et du harcèlement doivent s’étaler sur une longue période pour pouvoir constamment faire valoir et porter le message de lutte contre ces comportements.
Helen-Anne Girouard explique qu’au CSSC Mercier, cette prévention se fait tout au long de l’année, à travers des ateliers et des visites de personnes intervenantes. « On utilise une approche inspirée par la justice réparatrice », précise-t-elle.
Le concept de justice réparatrice est une approche qui vise à réparer les torts causés en donnant aux personnes lésées et à celles qui assument la responsabilité des torts infligés l’occasion de communiquer leurs besoins respectifs et d’y répondre.
« Quand il y a un incident, on fait un retour pour savoir qu’est-ce qui est arrivé, le comment et le pourquoi, qui a été blessé, et comment on peut réparer les dommages faits à la relation, explique Helen-Anne Girouard. On parle plus souvent maintenant d’erreurs, et de pouvoir réparer ses erreurs, de pouvoir aussi réparer la relation. »
L’inclusion et l’approche réparatrice sont des angles priorisés dans les écoles, et donnent des outils aux jeunes pour gérer les conflits.
Sources :
securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/bllng-prvntn/index-fr.aspx
(Conférence de l’initiative canadienne pour la prévention de l’intimidation [CIPB], 2004; Ma, Stewin et Mah, 2001; Neary et Joseph, 1994; Olweus, 1993; Slee, 1995).
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(Charach et coll., 1995) + (Atlas et Pepler, 1998; Craig et Pepler, 1997)