Selon le bon vieux Google, une courbe, c’est ce « qui change de direction sans former d’angles ». En gros, être dans une courbe, c’est aller d’un point A à un point B, en se demandant tout le long si on va vraiment là où on le souhaite!
On a toutes et tous des objectifs. De grandes valeurs. Des visions du futur idéal. Mais voilà, la vie se place devant nous avec ses obstacles : inondations, feux, maladies, variants…
Cet été, ce n’est pas une courbe qu’on a vécue, mais carrément un dérapage incontrôlé dans un virage en épingle. Bien plus qu’une petite courbe, je crois que pour beaucoup de gens, ce fut le genre de virage qui vous fait sentir comme si votre cœur n’avait pas suivi le reste du corps!
Curieuse de trouver quelque activité physique qui puisse m’éloigner un tant soit peu de ce sentiment apocalyptique, je me suis initiée cet été au disque golf, activité qui se pratique en plein air, par tous les temps et qui ne nécessite que peu de matériel. C’est là que le mot courbe s’est imposé…
Tout d’abord, pour atteindre le panier, il est nécessaire d’apprendre à contrôler la courbe du disque, tout en essayant le mieux possible d’éviter les obstacles. Ça m’a fait réfléchir : serait-ce possible d’envisager nos objectifs de vie de cette façon? En considérant que nous pouvons d’abord nous éloigner de notre cible pour, en fait, mieux l’atteindre?
Autre constat sportif indéniable de mon été : ma courbe d’apprentissage était loin de ressembler à celle des crues des lacs du Sud! Pourtant, comme rien ne résiste à la pratique, aussi lents fussent-ils, les progrès ont fait leur apparition. Et rebelote, me voilà en train de méditer sur une question : est-ce que nous parcourons, en tant que société face aux changements climatiques, le même genre de courbe : un peu lente, mais prometteuse?
Nos générations (la nôtre et celle de nos parents) ont établi une cible : la croissance. Toujours plus, plus vite, plus grand, plus loin… Nous avons pris l’avion à tire- larigot, fait des road trips à l’échelle continentale, établit résidence dans le froid sans en considérer les conséquences énergétiques, consommé des denrées du bout du monde dans des tasses en papier faites à des milliers de kilomètres…Mais dans un monde où les records climatiques ont volé la vedette à ceux des Jeux olympiques, tout apparaît sous un nouveau jour.
Pouvons-nous, en tant que société tout autant qu’individuellement, revoir notre lancer et réapprendre à viser? Est-il encore temps pour que nos habitudes prises pendant des décennies puissent s’adapter? Pouvons-nous intégrer de nouvelles idées, pratiquer jusqu’à ce que les gestes nouveaux fassent partie intégrante de notre corps? Est-il d’ailleurs encore temps de changer?
Nous voulions l’expérience, le confort et l’exotisme. Se peut-il qu’on se soit collectivement trompé de cible? Nous avons oublié l’essentiel : vivre, et avoir la possibilité de conjuguer ce verbe au futur…
Les élections prochaines seront une opportunité de revoir le cap. C’est vrai, les priorités sont nombreuses : soutenir les minorités, les plus démuni.e.s, l’éducation… Mais la planète, dans tout ça? Des financements, des campagnes et des promesses, c’est bien. Mais sur un fond de « restons en vie », ce serait quand même mieux, non? Gardons en vue cette cible, pour essayer de ne pas trop déraper dans la courbe!