À l’initiative de la maison d’hébergement pour femmes de la ville de Dawson, des ateliers sont proposés gratuitement tout l’été pour former les employé.e.s de bar et restaurant à la prévention des violences sexuelles.

Le dernier atelier de Raise the Bar (Placer la barre plus haut) du mois de mai a eu lieu au casino Diamond Tooth Gerties.
Crickett Wilder a animé un atelier. Photo : Dawson City Women Shelter
Les employées et bénévoles de la maison d’hébergement pour femmes de Dawson n’ont pas uniquement la vocation d’offrir un lit aux femmes qui en ont besoin : elles souhaitent aussi offrir de la prévention, du soutien et des liens humains. Les ateliers Raise the Bar (« Placer la barre plus haut ») font partie des actions de prévention mises en place.
Crickett Wilder, coordinatrice des programmes de la maison d’hébergement, est à l’origine de cette initiative. « Raise the Bar est véritablement un effort communautaire issu des expériences vécues au cours des trente-quatre années d’existence du centre, de mon expérience en tant que survivante de violences sexuelles et de mon travail de coordinatrice depuis deux décennies », explique-t-elle.
Une initiative communautaire
Le défi est de former l’intégralité des employé.e.s de bar et de restaurant de la ville, l’alcool étant la drogue la plus utilisée lors des agressions sexuelles. « Les compétences que nous apprenons à Raise the Bar sont comme les premiers secours : nous ne voulons pas avoir à pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire, mais c’est un savoir essentiel », confie la coordinatrice.
Les bars et restaurants ont répondu à l’appel, en proposant d’accueillir gracieusement les ateliers dans leurs locaux et en rendant disponibles leurs employé.e.s pour qu’ils et elles soient formé.e.s – certain.e.s étant même payé.e.s pour le faire. Viki Paulins, gérante du casino Diamond Tooth Gerties, a immédiatement accepté l’initiative. « J’avais l’habitude d’intervenir, sans savoir exactement ce qui était approprié. Offrir cette opportunité aux employé.e.s a du sens, explique-t-elle. Il en va de notre responsabilité d’essayer d’être une partie de la solution. Il faut travailler main dans la main. »
Apprendre à privilégier la sécurité
Agir c’est bien, mais réfléchir aux conséquences est encore plus essentiel. « Nous avons tous eu cette sensation désagréable lorsque quelque chose de louche se produit et que nous avons voulu aider, mais ne savions pas quoi faire. Les ateliers sont là pour acquérir des compétences afin d’aider les clients à passer une nuit plus sûre, avec des exemples concrets pour reconnaître et interrompre les comportements douteux, d’accroître la sécurité et réduire les risques », livre Crickett Wilder.
« Dans les ateliers, nous avons appris qu’il fallait toujours agir avec soutien, que quelqu’un nous voit et appeler les urgences appropriées », ajoute Viki Paulins. En interrompant une agression, il ne faut pas créer plus de violence, mais sécuriser la situation en priorité, pour le personnel et les clients.
Agir en groupe et rompre la loi du silence
Agir seul.e face à une situation de violence peut être dangereux, pour l’employé.e témoin et la victime. « Toutes les compétences fonctionnent mieux quand on travaille en équipe, chacun doit pouvoir compter sur les autres travailleurs. Ils peuvent nous appeler en tout temps », rassure Crickett Wilder. Voilà pourquoi le défi est de former l’intégralité des employé.e.s du milieu, afin que l’entraide soit de mise.
Selon Mme Wilder, culturellement, on ne parle pas suffisamment de violence sexuelle au Canada. « C’est mon rôle, en tant que facilitatrice, de créer des espaces où les employé.e.s peuvent partager ce qu’ils et elles ont essayé et ce qui fonctionne avec leurs collègues, résume la coordinatrice. En raison de la honte et du silence qui entourent la violence sexuelle, nous n’avons souvent pas ce genre de séance de réflexion. »
Pour son atelier, elle s’est inspirée de son expérience et de la trousse d’intervention de Kira Lynn Ferdeber, du projet Safer Scenes de Vans Warped, et surtout de la campagne bilingue d’intervention créée par la Franco-Ontarienne Julie Lalonde, disponible en ligne sur tracons-les-limites.ca. Des interlocutrices parlant français sont généralement disponibles à la maison d’hébergement.
IJL – Réseau.Presse, l’Aurore boréale