Le 23 février dernier, les organismes de la francophonie yukonnaise se sont réunis pour aborder des thèmes de l’inclusion et de la diversité. Grâce à une série de conférences et d’ateliers, les dirigeants et dirigeantes des organisations communautaires ont pu acquérir des connaissances sur ces sujets, mais aussi les intégrer dans la stratégie globale de la francophonie au territoire.
L’inclusion et la diversité sont ces temps-ci des thèmes énormément repris par les campagnes nationales, les médias et souvent soutenus par le grand public. Pourtant, selon Paige Galette, activiste pour le mouvement Northern Voices Rising, « s’allier à la lutte contre le racisme, ce n’est pas simplement venir à une manifestation ». L’autrice d’un texte dans l’ouvrage Until We Are Free : Reflections on Black Lives Matter Canada était invitée en tant que conférencière lors du forum Diversité et inclusion qui a eu lieu au centre Northlight Innovation. Elle soutient que le changement doit se faire par des actions concrètes qui vont au-delà du soutien moral.
S’informer : un premier pas vers l’action
« L’idée du forum était de sensibiliser les partenaires francophones et de réfléchir ensemble sur les questions de diversité : comment faire en sorte que notre communauté soit plus accueillante et plus diversifiée », explique Maurine Forlin, agente de projets en immigration pour l’AFY et coordonnatrice du forum. Autour de la table figuraient la Garderie du petit cheval blanc, la Commission scolaire francophone du Yukon (CSFY), l’AFY, Les essentielles, la société des immeubles franco-yukonnais ainsi que le Partenariat communauté en santé.
Les thèmes abordés étaient l’inclusion des personnes autochtones, la diversité culturelle, la lutte contre le racisme et l’inclusion des personnes LGBTQ2S+. « La diversité est un sujet qui est vraiment important pour la commission scolaire, pour nos écoles, pour notre communauté, pour nos élèves. C’était une priorité pour moi de participer au forum », affirme Marc Champagne, directeur de la CSFY.
Lors du forum, chaque organisme a réalisé une sorte d’auto-évaluation pour identifier son niveau de diversité et d’inclusion. « Notre équipe à la commission scolaire n’est pas, pour l’instant, très diverse. On est un reflet de la communauté et nous n’avons pas, en ce moment, une communauté qui est très diverse, donc ça se reflète au niveau de notre personnel et de nos élèves. » M. Champagne mentionne toutefois que ce forum l’a « porté à réflexion sur les moyens de promouvoir plus de diversité au sein des ressources humaines ».
Vers une communauté plus accueillante et plus diversifiée
Le forum s’est clôturé par une matinée de travail, le 24 février au cours de laquelle les participantes et les participants ont pu définir ensemble les nouveaux objectifs en termes de diversité et d’inclusion qui figureront dans le nouveau Plan de développement global de la communauté (PDG).
Le PDG est une planification stratégique commune, c’est-à-dire un document sur lequel les partenaires communautaires se basent pour assurer, collectivement, la croissance et l’épanouissement de la communauté franco-yukonnaise. Il vise des retombées pour tous les citoyens et toutes les citoyennes francophones à la grandeur du territoire du Yukon et démontre la volonté de la communauté d’avancer de façon concertée et cohérente.
Jusqu’à cette année, les axes prioritaires étaient : concertation communautaire, culture et identité, santé et mieux-être, économie et employabilité et éducation. Le prochain plan inclura désormais un axe supplémentaire, celui de la diversité et de l’inclusion, mais sa rédaction n’est pas encore achevée.
Des exemples d’actions concrètes
Les différentes interventions ont permis aux participantes et participants d’identifier quelques actions concrètes à envisager pour favoriser l’inclusion et la diversité. La notion de privilège est sans aucun doute ce qui est revenu le plus souvent lors du forum : « Le privilège est un droit social, économique et politique détenu par une personne appartenant à un groupe majoritaire », a expliqué Annie-Frédérique Pierre, cofondatrice de Northern Voices Rising, un collectif ayant à cœur le support et le bien-être des personnes noires, autochtones et de couleur incluant ceux et celles aux diverses intersectionnalités. Selon plusieurs interventions de la journée, prendre conscience de ses privilèges est la première action qui mènera vers du concret.
Si le travail vers une société plus accueillante et diversifiée promet d’être de longue haleine, on peut déjà noter quelques actions concrètes mises en place au sein de notre communauté.
Au niveau de l’éducation : les toilettes et les vestiaires du nouvel établissement secondaire francophone ont été conçus de façon non binaire et la CSFY a fait traduire le cours Premières Nations 101 en français, en partenariat avec l’Université du Yukon. « C’est encore en train d’être testé, mais il sera prochainement disponible pour le public », affirme Marc Champagne. L’AFY, quant à elle, proposera le 30 mars prochain un séminaire visant à améliorer l’inclusion des personnes immigrantes au travail, présenté par le Dr Mamadou Ka, politologue et professeur associé à l’Université de Saint-Boniface à Winnipeg.
Le chemin à parcourir est encore long, selon l’avis des participantes et participants au forum, mais la volonté d’avancer en commun semble forte. Maurine Forlin conclut en mentionnant que ce forum était une première pierre à l’édifice : « Si on est capable plus tard [hors pandémie] de faire quelque chose de plus pour le grand public ou d’offrir ce genre de conférences aux employé.es des organismes communautaires, on aurait certainement la volonté de le faire. »