Pas moins de 63 ours ont été abattus cette saison, selon le décompte officiel du ministère de l’Environnement du Yukon, qui précise que plus de 200 rencontres problématiques entre l’homme et l’animal ont été enregistrées au territoire. Un triste record pour le Yukon, puisque le nombre de bêtes tuées — pour la plupart des ours noirs — est en hausse de 125 % par rapport à 2016 et ses 28 victimes.
Le dernier record remontait à 2012, soit la première année où les données ont commencé à être collectées. Il y a cinq ans, 56 ours ont été tués selon le gouvernement.
Le décompte officiel du 28 novembre précise que 39 ours ont été abattus par les agents de la faune, tandis que 24 animaux ont été tués par des particuliers ayant jugé la situation dangereuse pour leur vie ou leurs biens.Ce dernier chiffre doit être cependant considéré avec prudence puisqu’il ne prend en compte que les incidents ayant été déclarés aux autorités.
Environnement Yukon a par ailleurs indiqué que 91 ours avaient quitté la scène de l’incident et que dix bêtes avaient été relocalisées ailleurs au territoire. Qu’ils soient déplacés ou qu’ils parviennent à quitter un poulailler sains et saufs, les ours resteront cependant toujours les grands perdants de leur rencontre avec la société humaine.
Les conflits de voisinage ne disparaîtront certes jamais au pays du soleil de minuit, mais il est certainement possible de mitiger leurs conséquences dramatiques. Cela requiert tout d’abord un réel engagement des pouvoirs publics pour équiper les quartiers et les communautés de matériel de recyclage à l’épreuve des ours.
Il est désormais de notoriété publique que la plupart des rencontres problématiques en zone pavillonnaire sont causées par des attractifs telles que les ordures ménagères. Ces déchets sont systématiquement contenus dans des poubelles ou des bacs en plastique auxquels les ours peuvent accéder très facilement.
En zone rurale, les caches à viande et les fumoirs, les poulaillers et les bacs à compost sont tout aussi problématiques lorsqu’ils ne sont pas protégés de façon adéquate par leurs propriétaires. Ces problématiques ne sont cependant plus une spécificité des campagnes et concernent aussi de plus en plus les citadins portés sur le recyclage des déchets organiques ou les ménages désormais autorisés à posséder des poules en ville.
La question de l’éducation de la population est donc également prépondérante. L’essor d’un tourisme en partie soutenu par l’observation de la faune yukonnaise est certainement à prendre en considération. Cependant, le visage du Yukon change également au rythme de ses nouveaux arrivants pour qui les bonnes habitudes à adopter au pays des ours ne sont pas encore devenues des routines quotidiennes.
Dans cette optique, plusieurs programmes de sensibilisation ont été mis en place ces dernières années au territoire. Mais à voir le nombre d’ours tués cette saison, la bonne volonté et les efforts déployés par les amis des animaux ne semblent pourtant pas suffire à freiner l’hécatombe.
Pour leur part, Environnement Yukon et la Ville de Whitehorse sont-ils prêts à investir des centaines de milliers de dollars dans des équipements à l’épreuve des ours? Du point de vue politique et budgétaire, le risque (financier) n’en vaudrait peut-être pas la chandelle. La population d’ours se porte relativement bien au territoire. Elle compte près de 10 000 ours noirs et 6 500 grizzlis. Le nombre de bêtes tuées cette saison (chasse comprise) représente finalement 0,5 % des effectifs. Une perte acceptable?