La Commission scolaire francophone du Yukon et le ministère de l’Éducation se sont engagés dans le processus de construction d’une nouvelle école secondaire francophone. Le ministre de l’Éducation du Yukon, Doug Graham, a promis que des sommes allaient être réservées à cet effet dans le budget 2016-2017.
« Notre gouvernement demeure engagé à construire une nouvelle école secondaire francophone dans un délai raisonnable », a affirmé le ministre Graham. « Des fonds [NDLR 75 000 $] seront alloués cet automne pour démarrer le processus de planification, suivi par du financement additionnel pour le projet dans le budget de 2016-2017. »
Selon nos premières projections, la nouvelle école francophone pourrait être inaugurée dès la rentrée 2018 ou 2019. Pour le gouvernement, il est cependant encore trop tôt pour se prononcer sur une date officielle.
« À cette étape, aucune date précise pour la construction n’a été déterminée », a indiqué le directeur des relations communautaires du ministère de l’Éducation, Ronuk Modha. « Un travail avec la Ville de Whitehorse et une phase de planification et de conception doivent être accomplis avant qu’un calendrier soit arrêté. »

Marc Champagne, directeur par intérim de la CFSY, devrait faire partie du comité de travail dont la première rencontre est prévue dans le courant du mois de septembre. Photo : A.B.
La CSFY maintient la pression
La Commission scolaire affirme comprendre les impératifs du gouvernement, sans toutefois lâcher prise sur la question de la surpopulation de l’École Émilie-Tremblay, dont les effectifs tendent à augmenter d’année en année. Selon la CSFY, les choses doivent maintenant évoluer rapidement.
« La CSFY avait parlé d’une école pour septembre 2017, mais le gouvernement n’est pas prêt à souscrire à cet échéancier-là parce qu’il y a certaines questions à régler concernant l’emplacement », explique le porte-parole de la CSFY, Ludovic Gouaillier. « On comprend cela, mais le ministère a tout intérêt à se dépêcher, parce que plus longtemps ça dure, plus il sera obligé d’investir de l’argent dans des mesures temporaires pour loger nos étudiants du secondaire. »
Tout porte à croire que la nouvelle école sera construite sur le site du parc de planche à roulettes de Riverdale. Un emplacement déjà privilégié en mai dernier par la CSFY et le ministère de l’Éducation.
« C’est le site qui est choisi qui est maintenu par le ministère, c’est là que l’école s’en va », a affirmé M. Gouaillier. « Le ministre a dit qu’il était confiant et que ça allait pouvoir être résolu. »
De son côté, le ministère de l’Éducation préfère une fois encore se montrer prudent.
« Aucune décision définitive n’a encore été prise au regard de l’emplacement de la nouvelle école francophone », a indiqué Ronuk Modha. « La CSFY a exprimé sa préférence pour cet emplacement, mais un certain nombre de facteurs devront être abordés et examinés avant qu’une décision définitive soit prononcée, incluant l’accomplissement du processus de développement de la Ville de Whitehorse et l’obtention des permis municipaux. »
Un comité au travail
Dans le cadre du projet, la CSFY et le gouvernement du Yukon ont convenu de nommer un comité de travail composé de quatre à six personnes. L’actuel directeur par intérim de la CSFY, Marc Champagne, et la sous-ministre de l’Éducation, Judy Arnold, sont pressentis pour faire partie de ce groupe de travail dont la première rencontre est prévue dans le courant du mois de septembre.
Le but de ce comité vise à résoudre à l’amiable les questions litigieuses qui ont opposé pendant les six dernières années la CSFY et le gouvernement du Yukon. Un sous-comité sera quant à lui spécifiquement mis sur pied pour accompagner la gestion de la construction de l’école.
Rappelons que la CSFY avait entamé en 2009 un recours judiciaire contre le ministère de l’Éducation du Yukon. La Commission scolaire reprochait alors au gouvernement de ne pas respecter l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés et réclamait notamment la construction d’une nouvelle école, le remboursement de fonds spécifiquement destinés à l’éducation en français langue première, l’obtention de la pleine gestion de son personnel et le droit de décider pleinement de sa politique d’admission. La CSFY avait remporté son procès devant la Cour suprême du Yukon, avant que la Cour d’appel du Yukon n’invoque la partialité du juge de première instance et n’invalide ce jugement. En mai dernier, la Cour suprême du Canada a confirmé la partialité du juge et a ordonné un nouveau procès.
Détente des relations
Pressée par ses avocats de décider d’un nouveau recours en justice, la CSFY se montre toutefois confiante à la perspective de ne pas avoir à retourner devant les tribunaux pour défendre sa cause. La situation semble en effet s’être détendue au fil du temps, et l’organisme francophone souhaite se donner une dernière chance de régler ces questions à l’amiable. Un tel arrangement permettrait par ailleurs de réaliser des économies considérables, les deux parties ayant déjà dépensé ensemble près de 5 millions de dollars en frais de justice au cours des six dernières années.
« Il y a eu des discussions politiques entre la CSFY et le ministre, et le gouvernement a exprimé sa bonne volonté. La CSFY souhaite maintenant que ces discussions se transforment en actions concrètes et que les administrations soient impliquées, d’où la création de ce comité », explique M. Gouaillier. « On s’attend à ce que le comité se réunisse pour une première réunion en septembre, ce qui exprime la volonté des deux parties de s’attaquer à ça le plus tôt possible. »
Le discours du ministre de l’Éducation Doug Graham reflète également cette volonté d’apaisement.
« Je suis très heureux du progrès réalisé jusqu’à présent avec nos partenaires à la Commission scolaire francophone du Yukon », a-t-il affirmé. « Nous sommes tous à la recherche de solutions pour assurer une éducation de qualité aux élèves francophones du Yukon. Lors d’une récente rencontre avec les représentants de la CSFY, nous avons discuté de certains problèmes de longue date et nous croyons avoir trouvé une voie à suivre. »
Relocalisation : rien pour septembre
La Commission scolaire et le gouvernement devront également se pencher rapidement sur une solution temporaire de relocalisation des élèves de l’Académie Parhélie. Confrontée à la surpopulation de l’École Émilie-Tremblay et pressée par une pétition du comité de parents, la CSFY s’était vu proposer par le gouvernement plusieurs solutions de relocalisation, mais aucune d’entre elles n’avait été jugée satisfaisante. Parmi les pistes envisagées, le Centre d’apprentissage individuel de Whitehorse et l’ancienne école F.H.-Collins.
« Différentes possibilités avaient été discutées, mais il y a encore du travail à faire et donc malheureusement rien pour septembre », a admis Ludovic Gouaillier. « Nos étudiants vont devoir composer avec la situation actuelle pour certainement encore quelques mois. »
Le ministère de l’Éducation affirme pour sa part continuer à travailler avec la CSFY sur ce dossier. Selon Ronuk Modha, une solution de relocalisation à l’École secondaire de Porter Creek devrait être examinée.