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le Jeudi 9 octobre 2014 10:05 Scène locale

Signes de bonne santé pour la harde de caribous de la rivière Porcupine

La harde de caribous de la rivière Porcupine s’élève à près de 200 000 bêtes qui présentent pour la plupart des signes d’excellente santé. Photo : Don Russell.
La harde de caribous de la rivière Porcupine s’élève à près de 200 000 bêtes qui présentent pour la plupart des signes d’excellente santé. Photo : Don Russell.

Nelly Guidici

Le conseil d’administration de la harde de caribous de la rivière Porcupine a été créé en 1985 afin de recueillir des informations permettant de déterminer si la harde est en bonne santé ou non. Joe Tetlichi, président du conseil rappelle lors d’une entrevue : « Notre mandat est de veiller à la bonne santé des caribous et à la protection et au maintien de leur habitat ». Les déplacements de la harde lors de leurs migrations couvrent les territoires du Yukon et du Nord-Ouest pour l’aire d’hivernage, alors que le groupe se déplace vers le Nord de l’État de l’Alaska pour la saison estivale. La harde est donc internationale et le conseil d’administration travaille conjointement avec l’Alaska. Selon M. Tetlichi, la collaboration avec l’Alaska est primordiale : « Nous devons être en contact avec le conseil d’Alaska, car c’est le seul moyen d’arriver à des résultats. Si des mesures sont prises au Canada, les mêmes doivent être appliquées en Alaska. C’est une question de cohérence ».

La harde de caribous de la rivière Porcupine s’élève à près de 200 000 bêtes qui présentent pour la plupart des signes d’excellente santé. Photo : Don Russell.

La harde de caribous de la rivière Porcupine s’élève à près de 200 000 bêtes qui présentent pour la plupart des signes d’excellente santé. Photo : Don Russell.

Une cogestion à l’échelle nationale

Côté canadien, le conseil d’administration regroupe des représentants des Premières nations Tr’ondek Hwech’in (Dawson), Na-Cho Nyak Dun (Mayo), Vuntut Gwitchin (Old Crow), mais également du conseil tribal Gwich’in (Fort McPherson, Tsiigehtchic), du conseil du gibier Inuvialuit (Aklavik, Tuktoyatuk) ainsi que des membres représentant les gouvernements des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon et du Canada. Le conseil travaille étroitement avec les différentes communautés dont les membres sont appelés les « experts locaux ». En effet, sur le terrain, leurs observations ont toujours de l’intérêt, car elles sont immédiates. Les chasseurs sont aussi amenés à coopérer avec la commission qui leur demande d’apporter des échantillons de foie et de rein afin de procéder à des analyses. L’objectif principal du conseil étant de contrôler le nombre et la santé des caribous afin que l’utilisation de leur viande demeure une ressource alimentaire durable.

L’une des plus grandes hardes de caribous en Amérique du Nord

Le dernier recensement de la harde en 2013 a fait apparaître que le nombre de bêtes s’élève à près de 200 000. Ce chiffre est tout à fait satisfaisant et les prises de chasse sont limitées à deux animaux adultes mâles pour les chasseurs ayant un permis. Pour les chasseurs membres des Premières nations, les prises ne sont pas limitées et des adultes mâles ou femelles peuvent être chassés. En revanche, le conseil suggère de chasser en premier les mâles, car les femelles ont un rôle important dans le renouvellement de la harde. En effet, une femelle qui vit en moyenne dix ans peut générer 23 nouveaux caribous. Par contre, lorsque le nombre de caribous descend sous la barre de 45 000 (et ce n’est jamais arrivé pour les caribous de la Porcupine), la chasse demeure interdite, sauf dans le cadre d’activités cérémonielles pour les Premières nations.

Une harde en bonne santé

Les observations faites jusqu’à maintenant par les chasseurs et experts locaux ont fait état de caribous en bonne santé. Même si la harde ne s’est pas encore montrée dans les environs de Old Crow à ce jour, Mike Suitor, biologiste de la région nord du Yukon auprès du gouvernement et installé à Dawson précise : « Ils sont plutôt en forme ». De plus, le loup qui est le prédateur le plus important du caribou n’inquiète pas le biologiste. « Je n’ai aucune inquiétude en ce qui concerne les prédateurs, car ils font partie de l’écosystème. » Des colliers sont posés sur certains animaux chaque année au mois de mars afin de suivre leur migration. Les colliers permettent également de savoir combien de jeunes sont nés et s’ils se trouvent en bonne santé. En effet, les prédateurs des jeunes sont principalement le grizzli et l’aigle royal. Mais la période pendant laquelle les jeunes sont vulnérables est de courte durée. Deux semaines après leur naissance, ils sont suffisamment rapides et vigoureux pour échapper à leurs prédateurs. Le nombre de jeunes qui entrent dans l’âge adulte est une information importante. Si pendant plusieurs années d’affilée le nombre de jeunes devenant adultes diminue, alors la situation devient préoccupante. Cependant, la harde de caribous de la rivière Porcupine n’a pas présenté de situation similaire pendant les quatorze dernières années, signe qu’elle se porte très bien.