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le Jeudi 14 août 2014 8:47 Art et culture

Quand le caribou se fait art

L’exposition Tundra Running – Celebrating Caribou a lieu à la galerie d’art Yukon Artist at Work jusqu’au 7 septembre. Photo : Marie-Hélène Comeau.
L’exposition Tundra Running – Celebrating Caribou a lieu à la galerie d’art Yukon Artist at Work jusqu’au 7 septembre. Photo : Marie-Hélène Comeau.

Marie-Hélène Comeau

L’art de la gravure est un processus qui exige beaucoup de temps, un anachronisme dans un monde où tout se déroule à grande vitesse. L’artiste yukonnaise Joyce Majiski persiste pourtant à explorer ce médium de la patience dont les résultats sont actuellement exposés à Whitehorse.

L’exposition Tundra Running – Celebrating Caribou a lieu à la galerie d’art Yukon Artist at Work jusqu’au 7 septembre. Photo : Marie-Hélène Comeau.

L’exposition Tundra Running – Celebrating Caribou a lieu à la galerie d’art Yukon Artist at Work jusqu’au 7 septembre. Photo : Marie-Hélène Comeau.

« Il n’y a pas beaucoup d’artistes au Yukon qui font de la gravure à temps plein. C’est une technique qui demande beaucoup de matériaux et de produits chimiques », explique Joyce Majiski de son studio situé en forêt à quelques kilomètres de Whitehorse. L’entretien se déroule tranquillement au rythme de la pluie et du vent. Une météo morne qui contraste avec les couleurs chaudes des murs du studio de l’artiste où s’ajoutent à la couleur les images de caribou peintes ou imprimées.

Car, depuis plus de vingt ans, l’artiste exploite le thème du caribou dans ses œuvres.

« Tout a commencé alors que je travaillais comme guide sur la rivière Firth. C’est lors d’un de ces voyages je me suis retrouvée un jour entourée d’une harde de caribous de près de 10 000 bêtes. Ça a été une expérience inoubliable. C’est à ce moment-là que l’image du caribou est apparue dans mes œuvres », confie-t-elle. « Cet animal est un indicateur important sur l’état de l’environnement et des changements climatiques. Pour survivre, ils ont besoin d’un très grand territoire. Ainsi, si la population est importante, c’est que l’environnement dans lequel elle évolue se porte bien », explique Joyce Majiski qui collabore régulièrement avec différents organismes yukonnais environnementaux. « J’aime apporter mon appui à la protection de l’environnement », explique l’artiste franco-ontarienne d’origine qui a fait des études en biologie.

La gravure ou l’art de la patience

Joyce Majiski s’adonne à l’art de la gravure à eau-forte dès 1986. Depuis, cet engouement pour cette technique de création ne s’est jamais essoufflé.

« Je fais de la gravure depuis tellement longtemps qu’aujourd’hui, peu importe le médium que j’utilise, je continue de concevoir l’image que je crée de la même façon qu’une graveuse, c’est-à-dire en couches successives », confie-t-elle en riant.

La gravure est un art qui requiert temps et patience. Chaque pièce de l’artiste aura demandé du temps phénoménal de travail et de déplacement en passant par la préparation du papier, des matrices où seront gravées les images, l’encrage et l’impression. Une seule de ces plaques, qu’elle soit en bois ou en métal, peut prendre jusqu’à une semaine de travail à temps plein. Puisqu’il n’est pas rare de voir une œuvre de l’artiste composée à l’aide de plusieurs de ces plaques, le temps de travail requis s’accumule rapidement.

Une fois l’impression terminée, il arrive à l’artiste de compléter son œuvre en ajoutant un travail manuel de dessin.

Les œuvres présentées ce mois-ci à la galerie d’art Yukon Artists At Work sont les témoins muets du travail de longue haleine de l’artiste. Il s’agit de monotypes, c’est-à-dire qu’il n’existe qu’une seule épreuve pour chacun d’eux, dont le travail a commencé à son studio yukonnais. Ils se sont ensuite déplacés à Vancouver avant de revenir recevoir leurs dernières touches dans le studio de Joyce Majiski.

« Je travaille sur de grands formats en ce moment et mon studio n’est pas équipé adéquatement. J’ai donc été dans l’obligation de me déplacer à Vancouver afin de réaliser des gravures à eau-forte. Ils ont des bassins de trempage beaucoup plus grands et l’environnement de travail pour la manipulation des produits chimiques requis est plus sécuritaire », explique-t-elle.