Pierre-Luc Lafrance
Du 23 octobre 2013 au 23 avril 2014, Patric Chaussé et Katarina Welsh ont fait un périple en Asie qui les a menés de la Thaïlande au Cambodge, au Laos, puis au Népal. C’est d’ailleurs dans ce dernier pays, dans la ville de Pokhara, qu’ils ont vécu une grande part de leur périple.
Pokhara est la deuxième ville du Népal après Katmandou. Ce lieu a été choisi, car Patric avait besoin de certaines infrastructures, notamment un réseau Internet décent, puisqu’il travaillait lors de leur séjour. De plus, le coût de la vie était bas dans ce coin de pays. Par exemple, leur appartement, une construction toute neuve complètement meublée avec cuisine complète, coûtait 300 $ par mois et selon Patric, ce prix aurait pu être revu à la baisse s’ils avaient négocié. « Tout se vend cinq fois trop cher si on ne sait pas négocier. » Par contre, ce n’est pas comme en Asie du Sud où les gens sont insultés si on ne négocie pas.
Nos deux voyageurs étaient au Népal en hiver, donc en dehors de la période touristique. Cela leur a permis d’avoir de meilleurs rapports avec la population locale. Car, lors de la période estivale, il y a tellement de gens que c’est impossible de nouer des liens et que les gens de la place deviennent un peu blasés. « J’ai pu avoir de super discussions sur leur culture, sur ce qu’ils vivent et même sur la condition de la femme, soutient Katarina. Même si je trouve que la vision de la femme là-bas est dérangeante, j’ai pu mieux les comprendre et voir leur perspective. »
L’hiver, au Népal, c’est une température de 10 à 15 degrés le jour en ville (c’est bien sûr plus froid en montagne) et ça descend entre 0 et 5 degrés la nuit. Mais attention, le chauffage n’est pas comparable à ce qu’on a ici, alors il faut prévoir quelques épaisseurs et du chauffage d’appoint. Quant aux douches, ce sont des douches solaires, alors ça prend un certain temps pour découvrir le meilleur moment pour avoir une eau confortable. Autre fait à noter : il n’y a de l’électricité que 12 heures par jour et pas toujours aux mêmes heures, alors il faut s’assurer que nos batteries sont bien rechargées.
Paradis du trekking

Certains ponts suspendus plus « pittoresques » peuvent mettre à l’épreuve ceux qui souffrent de vertige. Photo : Patric Chaussé.
Selon Katarina, le Népal est un paradis pour la randonnée. « On est habitué en Amérique du Nord de faire du trekking récréatif dans les parcs nationaux. On est en pleine nature et il faut traîner notre nourriture et tout. Là-bas, les sentiers relient les villages entre eux. Toutes les deux ou trois heures, tu croises un village. Tu peux donc partir avec peu de nourriture et ton sac de couchage. Il y a toujours un endroit pour t’héberger. On peut voyager pendant des semaines en s’arrêtant dans les lodges. »
Petite note sur les guides. Comme la randonnée au Népal se fait en haute altitude, les gens ont souvent peur et ils engagent des guides et des porteurs. Mais il faut faire attention, ce ne sont pas tous les guides qui sont qualifiés. Par contre, ils peuvent être utiles en haute saison pour trouver du logement, ce qui n’est pas compliqué en basse saison. Selon Katarina, « les gens qui sont habitués de faire du trekking ici peuvent s’en sortir par eux-mêmes avec un bon guide s’ils sont bien équipés. » De son côté, elle utilisait le livre de trekking au Népal de Lonely Planet et s’en est très bien sortie.
Cela prend un permis pour accéder aux différents sites de trekking et là aussi un guide peut être utile. Mais Patric et Katarina ont compris le principe rapidement et ont pu se débrouiller seuls. Une excursion de huit jours pouvait coûter 125 $ par personne, comprenant le permis, la nourriture et l’hébergement. Le permis à lui seul coûtait de 20 à 40 $ par personne.
Si la ville est très sécuritaire pour une femme seule, il peut y avoir des risques en montagne, alors on conseille de voyager en petit groupe pour les longues randonnées. Katarina trouvait des partenaires sur le Web avec le site trekkingpartners.com. Ainsi, elle a pu trouver des compagnons pour des excursions allant de dix jours à un peu plus de deux semaines.
De plus, les pistes sont accessibles à tous les groupes d’âge. « Pas besoin d’être en forme pour faire huit heures consécutives et plus. J’ai vu des gens de 70 ans sur les pistes qui s’arrêtaient régulièrement et qui avançaient à leur rythme. J’ai même vu une famille de Québécois avec leurs enfants de 3 à 5 ans. »
Un retour dans le temps
S’il y a de la pauvreté au Népal, ce n’est pas misérable. « Au Cambodge, le pays a été dévasté par la guerre et le génocide, rappelle Patric. Soixante-quinze pour cent des gens ont moins de 30 ans. Les gens sont pauvres et malheureux. Ce n’est pas le cas au Népal. Les gens sont aussi pauvres, mais on ne sent pas la même lourdeur. »
Si le Népal est un paradis pour les marcheurs, ce n’est pas la même chose pour ce qui est de la conduite automobile. Nos deux voyageurs ne se sont d’ailleurs pas risqués à conduire là-bas. « Le trafic est quelque chose. C’est un chaos. Même aux feux de circulation, ça prend des policiers pour diriger la circulation. Ce n’est pas compliqué, là-bas, il y a un système unifié pour toutes les manœuvres automobiles… ça s’appelle le klaxon. »
« Par moment, on a l’impression de revenir 1500 ans en arrière, raconte Patric. Les villages sont autosuffisants. Si le climat le permet, les gens vont cultiver même dans des pentes de 45 degrés. Les gens portent des habits traditionnels, surtout les femmes. Il y a deux ou trois points d’eau dans la ville, les gens font leur nourriture sur le feu et les rues sont en pierre. Puis, retour au présent quand on voit quelqu’un sortir son cellulaire. »
Katarina a surtout été marquée par les liens familiaux là-bas. « Les enfants ne vont pas à la garderie, ils passent leurs journées avec leurs parents et leurs grands-parents. En fait, on voit des enfants partout, à l’hôtel, dans les restaurants. C’est très bien vu là-bas et c’est une excellente place pour voyager en famille. »
Katarina et Patric ont découvert que dans les quartiers touristiques du Népal, les gens parlaient mieux anglais que bien des Franco-yukonnais. Même que certains parlent un peu le français.
Autre particularité : les commerces. « Si une maison a une façade sur la rue, il y a un magasin avec les articles à vendre intégrés au milieu de vie des gens », explique Patric. « Il y a aussi une spécialisation, ajoute-t-il. Par exemple, dans le quartier électronique, un va vendre des fils, un autre des haut-parleurs, une troisième des caissons pour les haut-parleurs. »
La nourriture locale n’est pas chère, mais si on veut des produits occidentaux, comme du vin par exemple, c’est plus dispendieux. Au restaurant, nos voyageurs s’en tiraient à moins de 2 $ par jour. Si le menu s’est américanisé (on trouve facilement des pâtes, des burgers et de la pizza), on trouve souvent du riz frit et du chow mein. De plus, il y a un système de prix à l’intérieur d’un même village (des menus identiques, un prix unique pour une chambre). Par contre, ce ne sont pas tous les endroits qui ont la même recette. Patric en a eu l’expérience lorsqu’il a commandé une pizza végétarienne… et qu’il s’est retrouvé avec une tarte aux choux recouverte de ketchup. Mais en général, ils ont bien mangé. Et, comme à bien des endroits, il faut purifier l’eau avant de la consommer.