Les femmes victimes de violence pourront désormais compter sur le soutien de la maison Betty’s Haven. Placé sous la responsabilité de l’organisme Yukon’s Women Transition Home Society, également propriétaire du centre Kauschee’s Place, le bâtiment a été inauguré à Whitehorse le 26 août dernier.

La nouvelle maison Betty’s Haven comprend dix logements de transition réservés aux femmes victimes de violence et à leurs enfants. Petite sœur du centre Kauschee’s Place, elle a été inaugurée le 26 août dernier. Photo : Thibaut Rondel
Située au coin de la rue Hoge et de la 4e Avenue, la nouvelle infrastructure inclut dix logements de transition sécurisés ainsi que des services de soutien aux femmes seules ou avec des enfants.
Kauschee’s Place pleine à craquer
La construction de Betty’s Haven répondait à un besoin urgent d’espace, puisque sa grande sœur, Kauschee’s Place, est aujourd’hui pleine à craquer.
« La capacité d’accueil a été largement atteinte et les conditions de vie commune n’ont jamais été plus difficiles », explique la directrice de Yukon’s Women Transition Home Society, Barbara McInerney. « Ici, nous serons en mesure d’offrir des programmes supplémentaires. Nous pourrons inviter des aînés et permettre à plus de femmes d’accéder aux activités de perlage et aux médecines traditionnelles. »
Kauschee’s Place n’est actuellement en mesure d’accueillir ses résidentes que pour 30 jours au maximum. Au-delà de cette période et si la situation des occupantes le justifiait, cinq appartements pouvaient toutefois être mis à disposition pour de plus longs séjours, moyennant le paiement d’un loyer équivalent à 25 % des revenus des locataires. Betty’s Haven permettra donc de désengorger l’espace de vie à Kauschee’s Place, les dix nouvelles unités d’habitation disponibles portant désormais le nombre total de locations sur une longue durée – dix-huit mois maximum – à quinze.
Un refuge de 4,5 millions de dollars
Le coût total du projet, incluant le terrain et les taxes, a été assumé à hauteur de 4,5 millions de dollars par le gouvernement du Yukon. La Division de la gestion des immeubles du ministère de la Voirie et des Travaux publics a fourni l’assistance technique et s’est occupée de la gestion du projet, tandis que la Direction de la condition féminine a offert à la Yukon Women’s Transition Home Society le soutien et le financement nécessaires pour l’achat du terrain et l’exécution des contrats liés à la conception et à la construction.
« Cette maison d’hébergement constituera un refuge transitoire important pour les femmes et les enfants qui ont vécu des situations de violence et qui ont besoin d’aide pour rebâtir leur vie », a déclaré le premier ministre du Yukon, Darrell Pasloski. « Nous comprenons que notre travail n’est pas terminé. Dans les prochains mois et les prochaines années, nous avons l’intention de continuer à écouter et à travailler avec tous nos partenaires afin de nous assurer que les besoins des femmes et des enfants dans le besoin sont satisfaits. »
Le concept du bâtiment a été développé par la firme Kobayashi et Zedda, tandis que la construction a été réalisée par l’entreprise NGC Builders. Tous deux ont été amplement remerciés pour leur travail remarquable et pour ne jamais avoir oublié de prendre en considération les besoins uniques des futures locataires. Définitivement approuvé en 2011, treize années auront été nécessaires à la concrétisation du projet.
Betty Sjodin, 30 ans de lutte
Le nouvel immeuble de transition a été baptisé en l’honneur de Betty Sjodin, une aînée de la Première nation Gwich’in engagée depuis plus de 30 ans dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Bénévole de longue date à Kauschee’s Place, Betty Sjodin consacre deux soirs par semaine à dialoguer avec les résidentes et à cuisiner pour leurs enfants. Betty Sjodin a commencé à soutenir le refuge après s’être elle-même donné une année pour se remettre de ses propres difficultés.
« Quelle journée merveilleuse! Je me sens juste humble, honorée et exaltée. Quel merveilleux bâtiment », a déclaré lors de l’inauguration Mme Sjodin, 81 ans. « Nous en avions tellement besoin, car ces appartements ne sont jamais vides pour très longtemps. »
« Je n’ai jamais travaillé avec quelqu’un possédant autant de force morale, et qui n’a jusqu’à maintenant jamais porté de jugement sur quiconque, peu importe où ils sont ou ce qu’ils ont fait, où ils en sont ou ce qu’ils partagent », a déclaré Barbara McInerney à propos de Mme Sjodin.
Des taux de violence consternants
Comme les deux autres territoires – TNO et Nunavut –, le Yukon présente un taux de violence faite aux femmes anormalement supérieur aux chiffres enregistrés dans le reste du pays. Une étude de la police datée de 2011 avance même un taux au territoire quatre fois supérieur à la moyenne nationale.
Les femmes autochtones sont les principales victimes de ces violences et seraient en moyenne deux fois et demie plus à risque d’être confrontées à ces situations qu’une autre femme canadienne.
La colonisation, l’héritage des écoles résidentielles, l’effondrement de la culture autochtone, et d’une manière générale la situation socioéconomique difficile rencontrée par les peuples autochtones sont des facteurs expliquant la recrudescence des actes de violence perpétrés à l’encontre des femmes.