Le rythme de la vie actuelle est prompt et nerveux. Ça roule, ça déboule, ça dégringole! L’utilisation des médias sociaux reflète bien cette frénésie, cette hâte de tout savoir. Aujourd’hui, tout le monde est branché sur quelqu’un ou quelque chose tout le temps.
C’est dans ce contexte que la Société Radio-Canada a entrepris un grand remaniement commençant par un changement de nom. Les professionnels de la communication ont recommandé Ici et ont largué Radio-Canada.
Ici devait refléter la proximité et la rapidité, la différence. Mais le nouveau baptême a été annulé! Le lundi 10 juin, le président-directeur général Hubert Lacroix s’est excusé de toute la confusion provoquée par l’implantation d’Ici.
Le désir de Radio-Canada de demeurer actuel et se brancher davantage sur un public jeune est fort louable. Toutefois, le moyen choisi — changer de nom pour Ici — n’a pas été retenu. Plusieurs raisons expliquent le changement de cap.
Les spécialistes du dossier, grands manitous du message, ont légèrement erré en ne vérifiant pas si le nom Ici était déjà utilisé. Et il l’était.
De plus, le changement de nom ne faisait pas l’unanimité. Les reproches étaient nombreux à l’interne. Le syndicat des employés a vertement critiqué les coûts associés au changement de nom. Comment justifier un tel investissement dans un temps de compressions budgétaires? Alors qu’on remercie des employés à la grandeur du pays, on trouve les fonds nécessaires pour un projet qui apparaît superficiel et coûteux.
A-t-on vraiment cru que les jeunes allaient délaisser leur téléphone intelligent ou tablette numérique pour regarder Ici, tellement plus dans le coup que Radio-Canada?
L’annonce du changement de nom a ramené au pays les vieilles frayeurs des deux solitudes. La peur du séparatisme québécois est revenue hanter le Canada anglais. L’évacuation du mot Canada avait quelque chose d’inquiétant et renforçait un vieux préjugé : la Société Radio-Canada est un nid de séparatistes. Qu’est-ce que ça veut dire au juste Ici? Ce nom évoque davantage une compagnie privée qu’un radiodiffuseur public. James Moore, ministre de Patrimoine canadien, pour sa part, y a aussi vu une atteinte à l’entièreté du pays.
Le montant exact investi dans la débandade d’Ici n’est pas connu. En effet, la somme annoncée de 400 000 $ ne concerne que les contrats externes. D’autres sommes d’argent provenant des budgets réguliers ont aussi été investies. La somme totale pourrait être beaucoup plus élevée.
La nouveauté et le dernier cri, ça coûte cher, même si ce n’est pas toujours la solution.